top of page

Le masculinisme, un mouvement résurgeant ?

  • cafephilotrouville
  • il y a 3 jours
  • 16 min de lecture

LE MASCULINISME,

UN MOUVEMENT RESURGENT?

 

                                                                                                                                                            

                        Anne-Marie Michaux et Catherine Tricoire    7 mars 2025

             (en lien avec la journée internationale des droits des femmes )

 

Introduction

Pourquoi ce sujet ?

A l’heure où un président des Etats-unis, D.Trump, entouré de ses amis de la Sillicon Valley (E Musk, M Zuckerberg entre autres) a remporté la victoire aux élections en faisant campagne sur des valeurs virilistes, exhortant les hommes à retrouver leur énergie masculine, il est bon et légitime de s’interroger sur ce phénomène qu’on croyait disparu, has been, au regard de la progression régulière de la reconnaissance des droits  des femmes et de leur place dans la société, tout du moins en Occident.

Nous allons nous attacher, Catherine et moi à apporter certains éclairages sur ce qu’est le masculinisme, de mesurer son ampleur et son impact.                                    Puis, nous analyserons en quoi la résurgence de ce mouvement peut être préoccupant  et s’il est possible de mettre en place les garde-fous  et les réponses nécessaires pour freiner son expansion.

1. Qu’est-ce que le masculinisme?

Catherine

Remarque : Un phénomène essentiellement occidental. La domination masculine et le patriarcat étant toujours très ancrés dans de nombreux pays.

Si le patriarcat est une forme d’organisation sociale dans la quelle l’homme exerce le pouvoir dans tous les domaines, le masculinisme et le machisme sont des idéologies ou des discours qui viennent soutenir le patriarcat.

Le mot «masculinisme» est arrivé en 2025 dans le Larousse. Jusqu’à lors il était un état d’un sujet féminin qui présente quelques-uns des caractères secondaires de l’homme.( Femme masculine! garçon manqué!)

A cette définition «médicale», s’ajoute désormais la suivante:

idéologie d’origine nord-américaine regroupant une myriade de mouvements principalement présents en ligne qui, en réaction aux mouvements féministes dont ils se disent les victimes et sous couvert de dénoncer toutes les formes de discrimination, véhiculent des théories sexistes, complotistes et réactionnaires, à travers un discours misogyne et /ou patriarcal.

Ce contre-mouvement au féminisme s’appuie sur le mythe d’une « crise de la masculinité » ,pour défendre le modèle inégalitaire des rapports entre hommes et femmes.

Bien le distinguer des notions voisines utilisée précédemment:

Le machisme, qui défend l’idée que l’homme domine la femme en tout, se manifeste dans les comportements et le discours ordinaires.

Le virilisme se définit comme le désir masculin de différenciation radicale avec l'univers féminin.

La misogynie est le sentiment de mépris ou d'hostilité à l'égard des femmes motivé par leur sexe.

Dans quel contexte est-il apparu?

Le masculinisme est une des manifestations contemporaines de l’antiféminisme dans les pays occidentaux en réaction aux nouveaux droits accordés aux femmes depuis les années 70 : contraception féminine, droit à l’interruption de grossesse, autorisation/facilitation du divorce, meilleure reconnaissance et pénalisation des violences masculines, légitimation de l’indépendance économique, révolution sexuelle et reconnaissance de droits LGBT. La société serait allée « trop loin » en inversant les rapports de pouvoir, laissant les hommes en plein désarroi.  

Une politique favorable aux femmes pendant les 30 Glorieuses

Les hommes ont toujours «hésité» à prendre des mesures en faveur de l'égalité femmes-hommes.

Néanmoins, une recherche progressive d’égalité entre hommes et femmes en france s’est imposée :

Le droit de vote accordé aux femmes en France en 1944 est l’aboutissement d’un combat d’une centaine d’années, autant dire une guerre d’usure. Il n’est « pas sorti du képi du général De Gaulle un beau matin du mois d’avril » comme le dit Anne-Sarah Bouglé-Moalic, docteure en histoire de l’université de Caen-Normandie en 2023. C’est parce que la France était devenue de plus en plus démocratique et grâce à la place que les femmes avaient prise dans la société et dans le monde du travail au fil du temps, à la faveur de l’enseignement obligatoire, que ce nouveau droit a vu le jour.

Les dispositions en faveur de l’égalité femmes-hommes ont été nombreuses durant les 30 Glorieuses.

Rappelons en quelques unes :

1965 :  réforme des régimes matrimoniaux qui autorise les femmes à exercer une profession sans autorisation maritale et à gérer leurs biens propres en toute liberté.

1967: loi Neuwirth qui autorise la contraception.

1970: remplacement de l’autorité paternelle par « l’autorité parentale ».

1975 : instauration du divorce par consentement mutuel. Obligation de la mixité scolaire.

1975 La loi Veil autorise l’IVG (interruption volontaire de grossesses) pour une période probatoire de 5 ans. 50 ans cette année !

1981 : loi sur le viol qui redéfinit l’agression sexuelle.

1983 : loi Roudy sur l’égalité professionnelle.

Ces dispositions n’ont pourtant pas donné naissance à des mouvements anti féministes aussi importants que ceux qui existent actuellement. Pourquoi? Parce que ces réformes sont arrivées dans un moment de redynamisation de l’économie de la France durant lequel le taux de chômage était au plus bas, le niveau de vie des ménages augmentait, les innovations techniques changeaient la vie des Français et le règne de la consommation s’imposait.

Dans ce climat d’optimisme général, les Français n’étaient-ils pas plus enclins à faire une place aux femmes ?

Une crispation à la fin du 20e et au début du 21e siècles

Les antiféministes prétendent que le féminisme provoque la virilisation des femmes et la féminisation des hommes. Ils tiennent un discours anxiogène sur la confusion des sexes, qui serait signe annonciateur du déclin de la civilisation occidentale.  L’antiféminisme s’appuie toujours sur une vision normative des identités et des rôles sexuels. Il défend l l’ordre genré du monde.

Parallèlement, les droits des lesbiennes, gays, bi et transgenres progressivement reconnus à compter des années 2000  entraînent des vagues de haine parmi les masculinistes et a amplifié le phénomène.

Puis point d’orgue,  Le 17 mai 2013 une loi autorise le mariage pour des personnes de même sexe.

Avec cette remise en question de la famille traditionnelle, c’en est trop ! Il s’agit d’un « cheval de Troie dont le principal objectif est de renforcer la normalisation de l’homosexualité », disent les masculinistes.

→ Un autre aspect capital de la loi de décembre 1980 fut la reconnaissance du viol entre époux ou viol conjugal, sujet tabou s'il en est. Cette notion était une réelle avancée sociétale et mettait un terme à la notion ancestrale de « devoir conjugal ». D'ailleurs une peine de réclusion criminelle de 15 ans pouvait désormais être portée à 20 ans en cas de circonstances aggravantes, telles que le viol entre époux ou concubins.

Ce n’était plus seulement la place des femmes dans la société et dans le monde du travail qui évoluait mais c’était aussi les interactions entre hommes et femmes y compris dans ce qu’elles ont de plus intimes qui étaient remis en question. 

Les années 2000

Le mouvement «Me Too» aurait fragilisé les hommes… Si en grande majorité ils sont prêts à se remettre en question et à adopter des attitudes plus adaptées et respectueuses du sexe opposé, certains se disent mal à l’aise pour approcher une femme. Les anciens schémas de séduction ne fonctionnent plus et ils ont, disent-ils, l’impression constante de marcher sur des œufs, la crainte d'être trop lourd et de ne pas être à la hauteur.

Un sondage Ifop de 2019 montre que seuls 19 % des 25-34 ans (37 % des sondés) pensent que les relations hommes-femmes se sont améliorées depuis #MeToo.

69 % estiment qu’ils « ne peuvent plus draguer les femmes aussi facilement qu’avant » et 25 % des hommes interrogés (et près de 50 % des 18-24 ans) admettent qu’ils ont déjà « tenté de séduire une femme d’une manière ayant pu être perçue comme déplacée ».

Cependant, 25 % des 18-24 ans – mais 18 % des sondés – pensent que « lorsqu’on veut avoir une relation sexuelle avec elles, beaucoup de femmes disent non, mais ça veut dire oui ».

Cependant,66 % des hommes sondés reconnaissent qu’« ils bénéficient aujourd’hui d’un privilège masculin dans notre société », 92 % sont d’accord avec le fait qu’« on peut être un vrai homme en étant sensible », 82 % en étant au foyer, 70 % en assumant sa part de féminité et 69 % en se montrant fragile.

Qui sont ceux qui se plaignent et se victimisent?

Il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas d’hommes qui s’interrogent sur leurs nouveaux rôles mais d’hommes qui sont persuadés que les femmes prennent toute la place dans la société. Ils souhaitent reprendre le contrôle, surtout dans le domaine familial: défendre le droit de s’opposer à un avortement, le droit à l’indissolubilité du couple parental (même pour les hommes coupables de violences à l’égard de la mère de leurs enfants), «SOS papa» fondé en 1990 en France souhaite restaurer les pères dans leurs droits s’estimant victimes de discriminations sexistes. Ils veulent notamment imposer la garde alternée, au nom de leur conception de l’ «intérêt de l’enfant», qui ne correspond pas à celle des juges aux affaires familiales.

Le mouvent des «Red Pill» dont le nom fait référence à la pilule rouge que Morphéus tend à Néo dans le fim Matrix, propose à ses sympathisants de découvrir que ce sont les femmes qui dirigent les sociétés occidentales, pas moins.

Les «Incel» (mouvement né en 2010) déclarent qu’ils sont célibataires à cause des femmes qui les rejetteraient.  Il ne leur viendrait pas forcément à l’idée que la séduction n’est plus ce qu’elle était et qu’il y a eu une prise conscience de la goujaterie de certains hommes et du non-respect qu’ils pouvaient avoir à l’égard des femmes. La sexualité est désormais plus égalitaire, davantage fondée sur le consentement, le dialogue et le respect mutuel. Incapable d’arriver à cette conclusion, Elliot Rodger a tué six personnes et blessé treize autres, avant de se suicider, le 23 mai 2014 à Isla Vista en Californie.

Un aggiornamento qui n'a pas eu lieu 

Les plus grands ennemis des hommes ne sont pas les féministes et encore moins les femmes en général mais les hommes eux-mêmes. Si les femmes ont depuis longtemps saisi à bras le corps la problématique de leur condition de dominées, ce n'est pas le cas des hommes. Ce sont des oppresseurs opprimés comme le dit Olivia Gazalé dans son livre Le mythe de la virilité: un piège pour les deux sexes.

Pour la philosophe, si l’idéal viril a assis la domination des femmes, il constitue aussi un « piège » pour les hommes, les enfermant dans des injonctions coercitives qui font le lit de comportements nocifs. « L’homme doit sans cesse prouver et confirmer, par sa force, son courage et sa vigueur sexuelle, qu’il est bien un homme, un vrai », écrit-elle.

La domination du "virilisme" comme seul type de l'excellence du masculin  a non seulement infériorisé le féminin  mais a aussi écrasé  toutes les autres formes de masculinité. Prisonniers de cette construction culturelle qui promeut la force, la conquête, la performance, la rétention émotionnelle, la puissance, les hommes qui ne répondent pas à ces modèles sont discrédités, rejetés et humiliés.Rappelons-nous qu'au XVIe siècle l’impuissance était légalement répréhensible et passible de procès. Les troubles érectiles décrits par l’historien Pierre Darmon auteur du livre publié en 1979 Le tribunal de l’impuissance: virilité et défaillances conjugales dans l’ancienne France revient sur les déboires du marquis de Langey, noble accusé par sa femme d’impuissance. 

Les hommes qui n'affichent pas les marqueurs de la virilité sont accablés, brimés et rabaissés violemment. « Physiquement, il y a cette exigence du muscle, d’avoir une voix grave, de faire du foot… Je ne faisais pas de sport, j’étais un peu enrobé et on me disait que j’étais maniéré dans ma façon de parler ou de me tenir, alors ado, j’étais rejeté », raconte Rémy, hétéro de 21 ans, originaire de Besançon. 

 

2. Pourquoi la résurgence de ce mouvement est-elle inquiétante?

Anne- Marie

Que révèle le regain de ce courant de pensée chez les jeunes hommes?                 

Peut-il monter en puissance?

Comment comprendre sa coexistence avec une adhésion de plus en plus grande au féminisme chez les jeunes, y compris chez les hommes?

L’antiféminisme n’est pas nouveau; on l’a vu, à chaque conquête,  il y a eu des oppositions aux luttes féministes. Mais, aujourd’hui, cela semble plus profond.

Les masculinistes dénoncent une crise de la masculinité qui serait du à trop d’avancées féministes. Depuis une dizaine d’années, le phénomène Me TOO , (Balance ton porc! ) a exacerbé la volonté d’un retour à la complémentarité entre des « hommes virils» et des «femmes douces». Trop, c’est trop !

Même si le malaise de certains hommes est réel,  les réseaux sociaux ont donné une caisse de résonance à leurs arguments. Les influenceurs de ces mouvements vendent un idéal:

Celui  d'un monde où pourrait s’exprimer «plus d’énergie masculine» dans la société.

Cest ainsi que Marc Zuckerberg, leader lde la Sillicon Valley,  a annoncé  en janvier derrnier la fin de sa politique d'inclusion au sein de son groupe Meta et a plaidé pour insuffler plus d'énergie masculine dans le monde !  Rien que cela !

En réalité, les masculinistes veulent surtout  conserver leurs privilèges dans la société, reprendre le contrôle.

Ce combat s’il peut sembler d’arrière-garde, peut se révéler dangereux sur plusieurs plans :

Pour le couple :

Depuis les années 50,  nous avons vu précédemment la construction du « couple moderne », qui repose sur un équilibre et une acceptation du  partage des tâches au sein du foyer, en gommant de plus en plus les tâches dites masculines ( jardinage, voiture, bricolage…) et les tâches dites féminines ( les courses, la cuisine, le ménage...).                                                                                                                              On peut penser que si les hommes (certains) revendiquent leur place de mâle au foyer pour se dispenser de participer à l’ensemble des tâches,  un nombre significatif de  femmes se détourneront du couple et préféreront conduire  leur vie en solo, en privilégiant les relations amicales. Une conséquence directe :

La dénatalité, déjà en marche pourrait s’intensifier. Les femmes  actives pourraient renonçer à la maternité et à élever des enfants seules. 

L’impact sur les jeunes filles (en construction) face à l’attitude dominatrice d’hommes machistes  pouvant atteindre leur équilibre psychique.  

L’impact sur les jeunes hommes qui ne se reconnaissent pas dans ce stéréotype, avec pour conséquence une perte d’identité et de confiance en soi.

 L’attrait pour le changement de genre:

L’accroissement du nombre de jeunes tentés par le changement de genre pour ne pas être pris dans cette opposition tranchée entre les 2 sexes.

Un risque accru de la montée de la violence

La détérioration des relations hommes/femmes pouvant aller jusqu’ à une « guerre des sexes », s’exprimant par la violence, les agressions sexuelles, le rejet, le mépris…

Déjà en 2008 (17 ans), Sylviane Agazinski , philosophe, relevait dans son livre «  le drame des sexes » que dans un contexte d’individualisme dominant, l’amour, le respect de l’autre, devient un sentiment archaïque.

 Elle nous dit : « le drame du mariage, c’est d’abord la révolte des femmes contre une condition qui les a longtemps soumises à l’autorité maritale et leur a laissé très peu de droits et donc de libertés».

…Dans le mariage, il y a une fiction sociale des rôles : la création pour les hommes, la procréation pour les femmes.

Depuis, une forme de « féminité victorieuse » se serait  installée: Les femmes s’échappent  d’une relation conjugale infantilisante et les frontières sont moins marquées entre les hommes e les femmes.

Le rapport à l’autre sexe est-il nécessairement frappé de malédiction, déjà pressentie chez les grecs?

Dans l’autre sexe, on peut voir la survivance d’une figure menacante «de l’autre» C’est une puissance dangereuse: l’homme pour la femme, la femme pour l’homme. Il y a rapports de force. Le conflit est inévitable. 

 La dualité sexuelle divisait les dieux antiques: la guerre des sexes a eu lieu: désir, jalousie, vengeance, trahison, meurtres …(littérature ,opéras etc...)

L’anthropologue Mélanie Gourarier dans son livre «  Alpha mâle, séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes ( 2017),  ne dit pas autre chose : la complainte du déclin du masculin remonte à l’antiquité ; le mâle dominant n’existe que parce qu’il  a un statut sans cesse menacé à défendre, et c’est paradoxalement la posture de faiblesse dans laquelle il se vit qui légitime la violence de sa riposte et de ses attaques.

Pour elle, le masculinisme ne se vit pas épisodiquement mais structurellement.

 

3.  Comment faire en sorte que le rapport à l’autre sexe ne soit pas aussi dramatique ?  

Comment  reconstruire des relations apaisées?

Par une stratégie pluridirectionnelle 

Il s’agit  d’apporter des réponses dans 4 directions :

1) L'éducation :  réponse prioritaire

 

Catherine

 

«Par votre verdict, vous nous guiderez dans l’éducation de nos fils car, au-delà de la justice, c’est dans l’éducation que devra se faire le changement pour qu’il s’inscrive dans la durée», lançait, en conclusion de son réquisitoire, l’avocate générale Laure Chabaud aux juges du procès des violeurs de Mazan.

 

La mixité des orientations professionnelles

Contrairement à ce que l’on pense souvent, les garçons et les filles d’aujourd’hui ne sont pas éduqués de la même manière. Alors que les premiers reçoivent des injonctions à la performance, à la conquête et à l’accomplissement personnel, les secondes doivent se montrer attentives aux autres et sont plus volontiers orientées vers les métiers du soin et du souci du collectif. Si les filles se sont formées à des métiers dits masculins en y entrant certes par la petite porte, on incite peu les garçons à aller vers des professions dites féminines. Ces schémas hérités du passé continuent à peser sur l’éducation des plus jeunes comme dans l'ensemble de la société.

L’éducation reste profondément marquée par des pratiques différenciées et inégalitaires.

 

L'éducation sexuelle et émotionnelle 

«L’amour, c’est un truc de filles!», disent les garçons.  Ils se voient continuellement rappeler le caractère féminin de l’amour et des émotions, ainsi que le danger qu’ils encourent à s’y intéresser de trop près. ils risqueraient de remettre en question leur identité de garçon, c’est-à-dire leur réputation, aux yeux de leurs camarades. Cette différenciation dans le sentiment amoureux et dans son expression est loin d’être anodine : elle contribue à perpétuer la domination masculine.

 

Il est important d'encourager les garçons à ne pas refouler leurs émotions grâce à un matériel pédagogique critique à l’égard des stéréotypes de genre qui saturent les représentations culturelles. Il est essentiel de travailler dès le plus jeune âge, de façon ludique et pédagogique, sur les idées reçues en matière de genre et de sexualité et sur les discriminations et violences qu’elles entraînent.

 

Le partage de l'espace dans les cours d'écoles

Certains garçons occupent davantage l’espace physique et sonore que les filles, L'organisation de la cour de récréation en différentes petites parcelles permettrait d'éviter que les garçons n'occupent toute la partie centrale avec des jeux parfois violents.

Au collège 80% des élèves punis sont des garçons. La sanction est jugée «valorisante et recherchée» parce qu’elle participe à la consolidation d’une identité masculine toujours faillible et en progression. Pour entrer dans les standards de la virilité, un garçon se doit de défier l’autorité, analyse Sylvie Ayral. La sanction devient alors une "médaille" de virilité. L'Ecole banalise trop les punitions des garçons qui seraient naturellement plus indisciplinés que les filles. Une bagarre de filles est un scandale pour les enseignants. Une bagarre de garçons est presque inévitable!

Solution ?

Il  serait cependant contre productif de miser uniquement sur l’éducation car cela consisterait à faire reposer la responsabilité des changements sur les personnels scolaires, à majorité féminins, et sur les mères, qui continuent de porter souvent seules la charge éducative.

2 La lutte contre la pornographie chez les jeunes

S'il est normal que les enfants s'intéressent à la sexualité, le fait qu'ils cherchent  la réponse à leur questionnement  sur des sites pornographiques est un problème.La pornographie est machiste et place les femmes en position de soumission voire de viols. Contrairement à ce que les masculinistes disent, les actes de contrainte ne sont pas toujours consentis. Il est urgent que les législateurs obligent les réseaux sociaux à mettre en place des accès impossibles aux enfants. La technologie permet désormais de faire de reconnaissance faciale. Mettons la en place pour les visionnages de ces contenus toxiques !

 

SUITE ….Anne Marie

3 Une stratégie de communication fine et bien ciblée

Déjouer les discours propagandistes, réactionnaires devient de plus en plus  difficile avec une liberté d’expression totale, revendiquée par les géants de la tech.

Puisque les influenceurs masculinistes ont envahi les réseaux sociaux et les médias (chaine youtube, émissions de radio, réseaux sociaux...), il est impératif de ne pas leur laisser le champ libre en construisant un contre-discours, porté par des femmes et des hommes «crédibles» sur les réseaux sociaux et dans une grande diversité de médias.

« on ne parviendra pas à endiguer le sexisme si les hommes ne s’engagent pas sur le sujet »(Présidente du Haut conseil à l’égalité)

4 Agir par une politique culturelle volontariste :

- Changer les représentations dans le domaine culturel

Il faut insister sur la réalité de masculinités plurielles qui ont mis à mal l’idée d’une masculinité universelle très virile. Des acteurs comme Timothée Chalamet ou Pierre Niney ont incarné d'autres modèles de masculinité.

- Encourager la création culturelle sur ce sujet

Quoi de plus efficace qu’une fiction, en littérature et dans le cinéma pour présenter une diversité de profils masculins et féminins, tordant le coup aux stéréotypes à la Rocky, aux héros de western ou de polars …

 Ainsi , soulignons l’arrivée sur le petit écran d’une série intitulée « super mâles » diffusée récemment  sur Netflix ; elle  s’inscrit bien dans cette approche en montrant le comportement ridicule d’hommes  soi-disant virils.

Rien de tel que la Comédie pour faire passer des idées (cf MoIière en son temps, Labiche, Courteline, Feydeau ...) . 

Egalement  sorti récemment, le film QUEERS  avec Daniel Craig (ex James Bond) qui dans  plusieurs interviews, souligne le retour en force du masculinisme ...son personnage est à l’opposé du modéle viriliste... 

 Conclusion 

Il est désormais bien visible que le clivage entre hommes et femmes se polarise.

Le rapport du Haut conseil à l’égalité (janvier 2025) révèle que le sexisme est toujours prégnant dans tous les domaines; de plus, désormais, les lignes de clivage sont de plus en plus assumées.

Pourtant , peut-on dire qu’il y a une crise de la masculinité ? non

Ne soyons pas dupes. Qui détient le pouvoir aujourd’hui ? Les minorités noires, arabes, les femmes, les handicapés ? non.

La classe politique (assemblée nationale, sénat, ministères, conseils régionaux et municipaux...) est composée à 80% d'hommes. Quant aux entreprises du sacro-saint CAC 40, elles sont toutes dirigées par des hommes. En revanche, au quotidien, qui continue de tirer profit de l'extorsion d'un travail gratuit(travail domestique et soin des enfants)? Qui occupe l'espace public, la nuitnotamment, de manière quasi hégémonique ?

Dans les rapports sociaux de sexe, le  pouvoir et les privilèges sont encore entre les mains des hommes. Le « matriarcat, la « féminisation » de la société ne sont que des concepts absurdes et des mythes censés alimenter la paranoïa victimiste des hommes et leur haine des femmes.

« La fable des hommes persécutés ne tient donc pas : si les hommes subissent des violences, c'est dans l'écrasante majorité des cas le fait d'autres hommes », comme l’écrit le collectif auteur de « Contre le masculinisme : petit guide d’autodéfense intellectuelle » 

Nous sommes donc encore loin d’une féminité « victorieuse » !                                    Des combats féministes restent à mener, notamment pour le partage du pouvoir   Cela se fera  avec le concours des hommes  « féministes »  qui apprécient d’évoluer  dans des relations égalitaires et harmonieuses avec les femmes.

Néanmoins, s’il n y pas de crise de la masculinité, les marqueurs de l’’identité masculine sont quelque peu chahutés.

En effet, dans une société où la technologie permet de manière croissante de remplacer la force dans la plupart des tâches, « l’avantage comparatif » lié à la nature masculine s’estompe et l’égalité entre hommes et femmes devient de plus en plus manifeste.

D’où la difficulté éprouvée par certains hommes à se situer, à trouver leur place dans un monde où les « attributs dits féminins »  sont valorisés.

On voit mal comment on pourrait revenir en arrière sur toutes les avancées accomplies au 20 éme siècle et depuis 20 ans, sauf à l’imposer par la violence, par un régime autoritaire...

C’est pourquoi la question devient  éminemment politique:

Ivan Joblonka, historien, a souligné récemment dans une tribune dans le journal le Monde que l’agenda du trumpisme œuvre à une contre-révolution masculiniste : une nouvelle ére qui associe virilisme, nationalisme, et violence dans un esprit de revanche sur les conquêtes féministes.

De ce point de vue, il faut être très vigilant et intégrer cette question  dans le débat démocratique.

D’un point de vue anthropologique et philosophique :

Peut-on avancer  à l’instar de Simone de Beauvoir et son célèbre « on ne nait pas femmes, on le devient » qu’ on ne nait pas homme, on le devient ?  »

Autrement dit, y a-t-il une essence masculine ?  Ou bien est -ce une construction sociale, culturelle? (question pour le débat)

En réalité  n’y a t-il pas un mythe de la virilité ?

La philosophe Olivia Gazalé (cf précédemment)  prône une refondation de l’identité masculine :

Elle montre que la virilité et ses attributs,  constitue en fait un poids pour les hommes qui sont « dominés par leur domination », par des injonctions qui en définitive leur pèsent, contribuent à les formater et à les opprimer.

Les hommes ont donc tout à gagner à se libérer de ce carcan, à lâcher prise  en laissant parler davantage leurs émotions.

Il est temps que les hommes fassent leur aggiornamento afin de pouvoir exprimer leur masculinité comme ils l'entendent.

Au masculinisme, répondons par un mouvement de libération des homms !

Hommes, libérez-vous!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

Comments


Commenting on this post isn't available anymore. Contact the site owner for more info.
Tous droits réservés - 2025 @ Marianne Le Guiffant
bottom of page