On s'intéressera essentiellement dans cette présentation au terrorisme actuel, le terrorisme islamique. Après avoir évoqué brièvement ses causes historiques, politiques et religieuses, on s'attardera sur ses causes psychologiques et sociétales, articulées autour de la thèse que le terrorisme est le fruit du désespoir.
Du côté des causes historiques, le fait marquant est l'effondrement de l'empire ottoman suite aux accords de paix de 1918. Le proche-orient est mis sous tutelle, de nouvelles nations sont formées à partir du démantèlement de l'empire réduit à l'actuelle Turquie, les multinationales européennes et nord-américaines s'emparent du pétrole de la région, la colonisation de l'Afrique prive le monde arabe d'une partie de ses débouchés ; or il n'a pas oublié son ancienne splendeur ,et sa soif de revanche est à la mesure de son humiliation.
Du côté des causes politiques, on trouve l'essor des monarchies pétrolières du Golfe ; plus ou moins alliées de l'Occident contre la volonté hégémonique de l'Urss, elles ne sont pas pour autant pro-occidentales, et les accords économiques qu'elles contractent avec un Occident qui ne peut de passer d'elles pour ses approvisionnements masquent le fait qu'elles jouent en réalité un double jeu. A cela s'ajoutent les désordres suscités par l'implantation d'un Etat hébreu en terre arabe, puis, plus récemment, par les interventions malencontreuses des pays occidentaux conduits par l'Amérique, en Irak et en Afghanistan,interventions largement perçues par le monde musulman comme une nouvelle croisade ; enfin aujourd'hui la guerre en Syrie vient mettre un comble à la confusion, et un front anti-occidental se dessine, qui court de l'Afghanistan des talibans à l'Afrique sud-saharienne, en passant par l'Irak, la Syrie, et la Lybie , et avec des positions ambigües de l'Iran, de la Turquie, et des pays du Golfe.
Du côté enfin des causes religieuses, le dessein de reconquête et la soif de revanche s'enracinent dans un discours idéologique fourni par la religion musulmane, l'Islam. Ce discours invite expréssément à la soumission des infidèles, à leur conversion de gré ou de force( le désormais fameux « djihad ») et, dans les interprétations les plus radicales qui en sont faites, à leur extermination pure et simple, l'énorme écart existant entre les peuples majoritairement laïcs et les peuples islamisés laissant peu de chances pour une libre conversion. Et comme la partie fanatisée du monde musulman n'a pas les moyens de livrer au reste du monde une guerre ouverte, son seul recours pour parvenir à ses fins, c'est le terrorisme. Encore s'agit-il d'une illusion, qui repose là aussi sur le désespoir ; car le terrorisme peut bien déstabiliser les sociétés qu'il vise, mais non les détruire, et encore moins amener leur conversion à l'Islam (pour ce qui concerne la France, la grande idée des djihadistes est que le terrorisme pourrait conduire à une fracturation de la société et à une guerre civile ; ce n'est pas exclu, mais malgré tout peu probable, car la plupart des musulmans vivant en France ne sont pas des imbéciles et voient très bien les avantages qu'ils retirent du mode de vie laïc « à la française »).
J'en viens à présent à l'examen des causes psychologiques et sociétales du terrorisme, en centrant cet examen sur le cas de la France, et avec la question : qu'est-ce qui pousse de jeunes français non seulement à rompre toute attache avec la société où ils vivent, mais encore à se retourner contre elle en menant des actions terroristes contre leurs compatriotes ? Cette question est bien évidemment celle qui nous intéresse le plus, tant parce que nous sommes chacun d'entre nous les potentielles victimes de ce terrorisme, que parce qu'elle interpelle la capacité de notre société à insérer normalement la partie la plus fragile de sa jeunesse.
Que la jeunesse se construise dans l'opposition aux générations qui l'ont précédée, et qu'une partie d'entre elle en vienne à exprimer cette opposition par la violence ouverte, n'est pas une nouveauté. Le terrorisme lui-même n'est pas une nouveauté. Mais ce qui sidère dans l'évolution récente du terrorisme actuel, c'est son caractère aveugle, le fait que, à la différence du terrorisme politique qui est toujours ciblé, il vise n'importe qui, n'importe quel membre de la société où il sévit. Ces méthodes sont celles de la guerre, et elles signifient qu'une partie de la jeunesse se déclare en guerre contre la société où elle a été élevée. Des français ,qui plus est des jeunes et parfois très jeunes français, entrent en guerre contre d'autres français, qui peuvent être leur voisins, leurs anciens amis, voire leurs proches. Or cet excès est d'autant plus sidérant qu'il ne se justifie par aucune des raisons pour lesquelles on entre en guerre. On fait la guerre contre un ennemi menaçant, et au nom de la légitime défense ; on fait la guerre en représailles d'un préjudice antérieur, qui porte atteinte à l'intégrité du territoire et à l'identité de ses habitants ; mais les français qui entrent en guerre contre leur propre pays ont bénéficié des avantages et des prérogatives liés à la nationalité et la citoyenneté, même si certains d'entre eux peuvent invoquer une inégalité de traitement par rapport à d'autres français( ce qui peut aussi bien se dire d'un ouvrier par rapport à son patron, ou des femmes par rapport aux hommes).
Où chercher alors l'explication ? La pauvreté, la misère sociale, l'échec scolaire qui rend difficile l'insertion dans le monde du travail, sont des facteurs qui peuvent bien jouer un rôle, mais n'expliquent pas tout. Et il est difficile d'admettre que des jeunes se mettent à faire la guerre par désœuvrement et comme un jeu qu'ils assimilent à leurs jeux-vidéos. Plus important sans doute est la séduction exercée sur certains jeunes esprits par un discours idéologique qui travestit le meurtre en mission divine. Si Dieu lui-même commande de tuer, alors le croyant peut le faire sans mauvaise conscience. Or le meurtre est la plus haute puissance qu'un homme puisse exercer sur un autre, et il attire d'autant plus les impuissants et les frustrés que l'interdit qui pèse sur lui est levé par autorisation divine.
Cependant, si le fanatisme religieux peut bien armer la conviction et soulager les consciences, il ne suffit pas à lui seul à légitimer le meurtre ; il faut aller plus loin, et comprendre l'entreprise djihadiste comme entreprise totalitaire, articulée sur une vision du monde toute profane et sur un rapport de forces. Même s'il y a des différences, la ressemblance avec les totalitarismes du 20ème siècle saute aux yeux : là comme ici, il s'agit de régénérer l'humanité et d'éliminer ses éléments dégénérés ; là comme ici, la doctrine s'appuie sur l'inviolabilité des principes et le retour à la pureté des origines ; là comme ici, l'entreprise est à visée mondiale et s'appuie sur un rapport de forces qui n'est pas encore favorable aux fanatiques mais qui pourrait le devenir si le reste du monde ne prend pas conscience des ambitions qui sont à l'oeuvre et ne se mobilise pas pour les contrer. C'est le caractère eschatologique et totalitaire de l'entreprise, et c'est le rapport de forces qui le rend de mieux en mieux crédible, qui, plus que tout le reste, explique la séduction qu'elle exerce sur les consciences, ou pour mieux dire, l'abdication de la conscience pour le service de la cause, telle qu'on a pu la voir fonctionner dans les précédents régimes totalitaires.
Reste à comprendre comment une idéologie meurtrière peut exercer si facilement son emprise sur des esprits grandis dans une société qui a érigé de multiples barrières contre la tentation du meurtre, et à se demander si cette société n'a pas préparé en sous-main et à son corps défendant les conditions qui ont rendu l'adhésion à cette idéologie possible.
Le cri de guerre des djihadistes est : « vous n'aimerez jamais la vie comme nous aimons la mort ». Comment peut-on aimer la mort ? C'est que celui qui donne la mort dans un attentat, en tuant le plus grand nombre possible de personnes, quitte à y laisser lui-même la vie, fait coup double : d'une part, il développe la plus haute puissance qui puisse être exercée sur d'autres hommes, et d'autre part, il met fin à une existence, la sienne, qui lui était probablement à charge, en tant qu'il était, avant son acte, un minable. Son suicide est son titre de gloire : en même temps qu'il fait de lui un martyr promis au paradis d'Allah, il lui procure une visibilité et une notoriété qu'il lui aurait été vain d'espérer atteindre par les moyens ordinaires. En mourant, en allant au-devant de la mort pour se faire exploser au milieu d'une foule, le djihadiste ne fait qu'aller jusqu’à bout de la logique qui fait de lui, au sein de la société où il vit, quelqu'un de socialement mort et sans perspective. Incapable d'en accepter les règles, il retourne sa nullité personnelle en intransigeance héroïque: ce n'est pas parce qu'il en est incapable qu'il ne se plie pas aux règles, mais au nom d'un ordre supérieur dont il se fait le héraut combattant. Son suicide met ainsi en évidence ce qui constitue le fond de son combat, à savoir le désir de reconnaissance, le désir d'exister aux yeux des autres ; en ce sens, son engagement dans le terrorisme est un acte de désespoir, et le djihadiste est un désespéré qui retourne la volonté de mort qui l'assiège en puissance active, en volonté de tuer.
Le problème, c'est que ce désespoir, chez des jeunes gens et des adolescents, est difficile à détecter, et qu'il n'a même pas forcément de causes objectives, au sens où l'entend le monde adulte. L'adolescent troublé se tait, se referme sur lui-même, et la force de vie est encore assez grande en lui pour qu'il ignore qu'il est désespéré. Il peut se faire que son désespoir tienne à peu de chose, comme une déception amoureuse ; il peut même se faire qu'il ne soit pas désespéré du tout, mais simplement vacant et livré à lui-même, dans cet état d'irrésolution typique de la crise d'adolescence et qui le rend disponible pour toutes sortes d'aventures. C'est la raison courante de la stupéfaction de l'entourage lorsqu'il apprend que le jeune est passé à l'acte et s'est radicalisé : il y avait bien des signes, mais qu'on pouvait imputer au malaise ordinaire de la jeunesse et à sa difficulté à se construire une identité.
Maintenant, à quoi renvoie ce désespoir, quand il se manifeste sous des formes qui vont très au-delà de la classique révolte de la jeunesse ? Quelle part la société y prend-elle, et quelle est sa part de responsabilité ? S'il fallait chercher une cause la plus générale, il faudrait regarder du côté de ce qu'on peut appeler, de façon paradoxale, l'abandon de la jeunesse, et du sentiment d'abandon qui lui correspond dans la jeunesse. « De façon paradoxale », car apparemment dans notre société tout est fait pour la jeunesse, et apparemment elle ne manque de rien. Jamais comme de nos jours en Occident, la jeunesse n'a été aussi choyée, jamais comme aujourd'hui elle n'a été la cible de toutes les attentions et de toutes les attentes. Le culte de la jeunesse dans notre société prend la forme du « jeunisme », qui veut que tout ce qui vient de la jeunesse soit valorisé, et que, quel que soit son âge, il faut faire jeune et rester jeune, adopter les goûts et les tenues vestimentaires des jeunes, s'exprimer à leur manière, etc..
Or il y a là un profond malentendu, car ce n'est pas là ce que les jeunes attendent du monde adulte, même s'ils ne le disent pas, et même s'ils sont flattés de l'attention qui leur est portée. Ce qu'ils sont en droit d'attendre du monde adulte, ce sont des repères et une stabilité qui leur permettent de se construire, ce qu'ils attendent ,ce sont des adultes, non de grands copains ; mais la passion de l'égalité qui travaille notre société en vient à ne plus souffrir qu'il y ait de l'inégalité entre les jeunes et les moins jeunes, et à livrer sans précaution enfance et jeunesse à toutes sortes d'influences, au nom d'un esprit d'ouverture qui repose sur un contresens ; réputé inoffensif, le monde est offert à la jeunesse comme un vaste terrain de jeu dont ils sont invités à faire ce qu'ils veulent ; en sorte qu'il est à peine excessif d'affirmer que dans notre société, on tue l'enfance et la jeunesse au nom de l'amour de l'enfance et de la jeunesse, et sans trop mesurer que l'amour sans le respect ne vaut pas grand'chose.
Dans toute société normale, l'introduction de la jeunesse au monde adulte se fait par étapes,et dans les sociétés traditionnelles, ces étapes sont marquées par des rites d'initiation ; avant les initiations, enfance et jeunesse vivent dans un monde à part, protégé du monde adulte, et ne font pas pleinement partie de la société ; mais dans la notre, la tendance est à l'inverse, et il n'est jamais trop tôt pour intégrer l'enfant à la société et l'associer à ses turpitudes (l'Ecole, jusqu'à une époque récente, a joué ce rôle de cocon protecteur et de monde à part taillé à la mesure de l'enfant, mais il est douteux qu'elle le joue encore ; et si l'on peut considérer qu'il y a eu un âge d'or de l'enfance, lié à l'épanouissement de la famille bourgeoise et à l'Ecole traditionnelle, cet àge d'or est passé).
C'est ainsi que, en forçant prématurément le jugement d'esprits encore jeunes et immatures, et en les exposant à toutes sortes d'influences souvent contradictoires, on risque d'engendrer à terme un désarroi dont l'aboutissement logique est la tentation de comportements extrémistes. Tout comme l'adulte livré à lui-même, le jeune livré à lui-même peut devenir un monstre et un danger pour la société, ce que ne voit pas le préjugé ambiant en faveur de la jeunesse ; le fait marquant en ce qui la concerne est, dans notre société, une longue période de latence avant la mise au travail et une adolescence prolongée, période pendant laquelle peuvent se développer des dispositions anti-sociales ; le méchant ,disait Hobbes, est un enfant robuste, et l'apprenti terroriste est lui aussi un enfant qui n'a pas grandi, sauf en ce qui concerne ses forces physiques et sa capacité de nuire ; cet enfant découvre un monde où à peu près tout est possible, il a libre accès à des films ultra-violents ou pornographiques, ses fréquentations ne sont pas surveillées, à l'école il apprend le mépris des enseignants, à la maison ses parents qui travaillent ont peu de temps à lui consacrer : tout cela, présenté comme anodin, fait son chemin en lui, jusqu'à ce que les conséquences éclatent au grand jour, et que l'on découvre avec effroi qu'un jeune réputé « normal »,c'est-à-dire bien adapté aux dispositions aberrantes que la société tient pour normales, passe à la violence ouverte et au terrorisme.
Finalement, à la question « pourquoi le terrorisme ? », il faut chercher la réponse dans l'incurie du monde adulte concernant les dispositions à prendre vis-à-vis de la jeunesse dont elle a la charge. Dans toute société, l'éducation de la jeunesse- l'éducation et non la seule instruction- est la chose principale, parce que son avenir comme celui de la jeunesse en dépend. Il serait temps que les services de l'éducation nationale en prennent conscience, temps également que les parents soient rappelés à leurs devoirs en la matière et qu'on subordonne au respect de ces devoirs les aides sociales, temps enfin que tous les acteurs de la société civile prennent les dispositions utiles pour mieux protéger et éduquer la jeunesse. A une époque pas si lointaine, l'encadrement de la jeunesse, en particulier de la jeunesse populaire, était assuré par des associations agréées, comme les foyers Léo Lagrange, la JEC et la JOC, par le scoutisme et les camps de vacances, par les chantiers de jeunesse, et tous ces organismes étaient coiffés par un ministère de la jeunesse. Toutes ces dispositions doivent être réactivées et étendues, par exemple par la création d'un service civique obligatoire, car ce sont autant de garde-fous contre le risque de folie auquel est exposé une partie de la jeunesse livrée à elle-même ; enfin ces dispositions doivent s'inscrire dans un projet collectif capable de leur donner du sens et de rallier la jeunesse, ce dont la société libérale actuelle se montre incapable ; car « enrichissez-vous ! » ou « amusez-vous ! » ne sont pas des mots d'ordre aptes à nourrir un projet collectif, et cette panne de sens est bien évidemment un argument fort de la propagande terroriste contre notre société.
Ce qui s'oppose à ces dispositions, c'est l'esprit libéral, c'est la conception libérale de la liberté. On craint d'embrigader les jeunes esprits, on ne veut pas reproduire l'embrigadement de la jeunesse sur le modèle des régimes communistes. Ce scrupule honorerait la société s'il n'était le fruit d'un aveuglement sur ce qui convient à la jeunesse. Le jugement s'apprend, le discernement s'apprend, et il faut savoir obéir pour commander,et pour se commander à soi-même. Le refus d'exercer l'autorité n'est pas une avancée de l'éducation, c'est une démission, une commodité que l'on s'accorde, et, vis-à vis d'une fraction de la jeunesse, c'est un crime. Encore faut-il que les adultes soient assez sûrs de leurs valeurs pour les imposer, et à même de proposer à la jeunesse des modèles dignes d'être imités. Ce qui pose problème dans une société où tout le monde a raison, et où il existe de multiples modèles de vie, entre lesquels il est difficile de faire le tri. En définitive, le fait sidérant de la séduction du terrorisme sur une partie de notre jeunesse interpelle les fondements du vivre-ensembles et appelle une remise en question. Au-delà de l'effroi qu'il suscite, il exige que nous en tirions la leçon, et pas seulement par des mesures sécuritaires ou des appels à plus de justice sociale et à une meilleure prise en compte des inégalités . Ce sont les termes de la démocratie qu'il faut repenser, et c'est le contrat social qui la fonde qui demande à être réexaminé. Ne nous y trompons pas : il y a dans la haine de la démocratie des djihadistes quelque chose qui sonne juste, et il y a dans leur folie un grain de raison sans lequel on ne n'expliquerait pas l'attrait qu'ils exercent. Il ne s'agit ni de les diaboliser ni de les comprendre pour les justifier, mais de regarder en face l'image de nous-mêmes qu'ils nous tendent, d'apprendre à y lire nos insuffisances, et d'en tirer les enseignements qui s'imposent.
Ce n'est pas simple et cela ne peut pas être simple. Et il serait injuste de dire que rien n'est fait en ce sens, et que nos gouvernants n'ont pas conscience du problème. Il s'agit de tenir la balance entre le respect de la diversité et l'exigence d'unité, de tempérer la liberté par des règles sans pour autant l'étouffer, de guider les consciences sans les brusquer, de moraliser la société sans ruiner son dynamisme. La société française est une société ouverte et tolérante, et doit le rester ; mais elle a un peu trop tendance à s'endormir sur ses lauriers, et il lui conviendrait par les temps qui courent de méditer l'avertissement en exergue de l'eau-forte célèbre de Goya : « le sommeil de la raison produit les monstres ». Au-delà de l'avertissement, le réveil du terrorisme en France sonne comme une invitation à l'auto-critique, et c'est d'ailleurs ce qui commence à se faire jour à travers les écrits et les propos depuis quelques temps ; mais il faudra aller plus loin, remonter des effets aux causes, cerner la réalité du mal en conjuguant les approches, si l'on veut se donner chance de l'extirper à la racine. Parmi ces approches, la réflexion philosophique a sa place , et il lui appartient entre autres de se demander pourquoi , dans une démocratie prospère comme la notre, la haine reste possible, quels chemins elle emprunte, à quelles fractures elle renvoie, quels ingrédients la nourrissent ; pourquoi encore le discours rationnel et progressiste qui aujourd'hui donne le ton a au fond si peu de prise et à quelles lacunes de ce discours la haine renvoie ; et ce afin que les expériences du passé en la matière ne soient pas seulement source de déplorations, mais qu'on en tire la leçon.
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