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Qu'est-ce que l'égalité réelle ?

La création récente dans le cadre du remaniement ministériel d'un secrétariat à l'égalité réelle pose la question de savoir en quoi consiste l'égalité réelle. Cette création signifie-t-elle que l'égalité jusque là n'était pas réelle, et si c'est le cas, pourquoi ?

L'égalité est soit naturelle, soit instituée. Naturelle, parce qu'en dépit des distinctions sociales, nous nous sentons égaux, et nous le sommes en effet, tels que nous sortons des mains de la nature ; et c'est parce que la société rompt cette égalité première qu'elle a le devoir d'en produire un équivalent.

L'égalité instituée peut prendre trois formes. La première est l'égalité des droits. Le droit, c'est l'égalité des droits, et des droits inégaux entre sujets de droit seraient contraires à l'esprit du droit. Cependant le droit est formel, il proclame l'égalité des droits sans préciser les moyens de l'établir ; car encore faut-il connaître ses droits et être en capacité de les faire valoir. Ce pourquoi l'égalité des droits est complétée par l'égalité des chances, en vue de permettre à chacun de faire valoir ses droits. Ce but est principalement atteint par l'instruction publique. Cependant on constate que l'instruction publique permet surtout de dégager une élite, qui ne repose pas seulement sur le mérite mais sur d'autres facteurs, comme l'origine sociale. L'Ecole peut bien faire ce qu'elle peut, donner plus à ceux qui ont moins au départ, mais elle ne corrige les inégalités qu'à la marge. Si on veut vraiment l'égalité, il faut donc passer à l'étape suivante, et réaliser l'égalité des conditions : même revenus pour tous, même accès aux services publics, même prérogatives de citoyen, même exercice des libertés publiques, et pour faire bonne mesure, suppression de la famille, qui reste un des premiers facteurs d'inégalité- autrement dit réalisation du communisme intégral.

Est-ce cette égalité-là que cherche à promouvoir le secrétariat à l'égalité réelle ? Certainement pas. Son programme portera plutôt sur des mesures concernant davantage d'égalité hommes/femmes, la lutte contre les discriminations, ou le renforcement de l'égalité des chances. Mais, outre que ces mesures risquent de faire double emploi avec celles d'autres ministères, elles n'éclaircissent pas le concept d'égalité réelle, pour lequel on peut fournir les indications suivantes :

L'égalité des droits est réelle quand les droits sont assortis de devoirs, et un droit n'est pas forcément un dû.

L'égalité est réelle quand la solidarité est assortie de contreparties de la part de ceux qui en bénéficient.

L'égalité est réelle quand tous contribuent à l'impôt en proportion de leurs ressources, les plus riches comme les plus pauvres.

L'égalité réelle est inséparable de la solidarité et de la fraternité. Le sentiment d'égalité ne doit pas tant naitre de la comparaison tatillonne des avantages et des charges que de la qualité des rapports humains, et de la perception de l'égalité naturelle telle qu'elle s'exprime dans la coopération et dont l'économie solidaire fournit un exemple.

Deux siècles après son émergence lors de la Révolution française, la question de l'égalité reste en France une question trouble, et plutôt mal réglée. La multiplication des droits sociaux n'est pas la panacée, et loin de réduire les tensions sociales, elle les exaspère, pèse lourdement sur le budget de l’État et des contribuables, et fabrique à terme une société de petits geignards qui demandent toujours plus sans contrepartie. On souhaiterait une conception de l'égalité plus virile et plus impliquante pour les individus. Alors et alors seulement on pourrait parler d'égalité réelle.

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