La séance du café-philo du 19 mars était consacrée au sujet suivant : l'autorité crise ou....
L'actualité nous donne beaucoup d'occasions de réfléchir à l'autorité, au pouvoir, à la crise qui les toucherait. Celui ou celle qui a le pouvoir a-t-il/elle automatiquement l'autorité? Si oui, n'entretient-on pas la confusion entre les deux? Si non, que manque-t-il au pouvoir pour faire autorité? la personne qui fait autorité a-t-elle du pouvoir? Lequel?.
La discussion a abordé les thèmes de l'autorité des fondateurs, des auteurs. ces personnages ont une légitimité indiscutables. Pour autant, leur autorité, leur pouvoir, tous les deux liés à l'acte de la fondation, peuvent s'effilocher au cours du temps. Pour quelle raison?
De même, le "sage" et le "savant" se voient reconnaître une autorité, quelquefois du pouvoir.
Il me semble que la différence essentielle entre autorité et pouvoir tient à la reconnaissance par un groupe. Le pouvoir se conquiert par la voie de l'élection dans nos sociétés démocratique. Il s'obtient parfois par la force, ou parce que l'investisseur y a mis son argent. Ça ne se discute pas. Nous sommes alors dans des rapports de force. Le plus fort a les moyens de faire prévaloir ses décisions.
Mais, peut-on dire qu'il a de l'autorité? Il a l'autorité, au sens large du terme, de décider. Mais, ce qui lui est reconnu est le pouvoir de décider et seulement cela. On prend acte de cette décision, peut-être sans y adhérer. La légitimité juridique de cette décision est reconnue, sans entraîner de légitimité morale.
D'où une série de complications lorsque la tension provoquée par la contestation, au nom de la morale ou de l'éthique, conduit à mettre en cause ce qui est décidé. Quelle que soit la justification politique, institutionnelle ou pratique, le décideur ne peut éviter de respecter le système de valeurs morales. C'est Créon contre Antigone, c'est la fin de l'impératif catégorique rigidement appliqué, c'est "être à droite si la justice est à droite" pour suivre Camus.
Pour "faire autorité", une décision ou un avis doivent donc être produits dans un cadre institutionnel légitime, recueillir l'assentiment de pairs et la reconnaissance au plan social. Les deux premiers critères correspondent à une garantie de qualité, le troisième à une sanction d'ordre éthique. Si l'un de ces critères n'est pas respecté, des dérives deviennent possibles : autoritarisme, déviation morale, évolution sectaire,....
L'actualité nous donne beaucoup d'occasions de réfléchir à la question de l'autorité. À nous, de ne pas laisser aller!