La représentation politique consiste à déléguer le pouvoir législatif à des représentants, élus (en démocratie moderne) ou tirés au sort (démocratie athénienne). Les députés représentent le peuple, le chef de l’État l’incarne , incarne la volonté populaire. Les questions que posent la représentation politique sont 1) la question de sa légitimité (peut-on représenter un peuple) 2) la question de sa composition (doit-elle ou non représenter fidèlement la composition du peuple) 3) la question de son fonctionnement et de son contrôle par le peuple.
Peut-on représenter une volonté libre ? En principe non, mais en pratique, lorsque le peuple est nombreux, on ne voit pas comment faire autrement. C’est alors une question de confiance : il faut être sûr que le représentant travaille aux intérêts des représentés (on peut lui donner un mandat impératif, mais la politique étant l’art du possible, il est douteux qu’il l’exécute). Et il est prudent de ne pas exposer le représentant à des tentations par des avantages excessifs qui le détournent de sa fonction. La question de l’intérêt est d’ailleurs complexe, car le représentant travaille en principe pour l’intérêt général, non pour les intérêts particuliers (donc, pas de lobbying).
Si les représentants représentent le peuple, ils doivent être à son image, et se répartir en fonction de la composition sociale du peuple ( lus d’ouvriers et d’employés que d’avocats et de fonctionnaires). Cela pose un problème de compétence, mais aussi de liberté du vote (on n’est pas forcé de voter pour un candidat de sa classe sociale).
Comment doit fonctionner le parlement et quel doit être son contrôle par le peuple ? Il vote les lois, mais lorsqu’il s’agit de lois fondamentales (comme la révision de la constitution), c’est le peuple entier qui doit décider (par référendum). Cette clause est étendue aux décisions qui engagent l’avenir du pays (traité de Maastricht) - encore faut-il que le gouvernement respecte la volonté populaire. En cas de décisions contraires à cette volonté, les parlementaires ne sont pas autrement sanctionnés (sauf faute lourde), que par leur non-réélection au terme de leur mandat. On pourrait souhaiter autre chose.
Finalement la question de la légitimité reste posée. Quand il s’agit de décisions importantes, on peut passer par la consultation populaire, soit à partir de sondages (cas du mariage homosexuel), soit par référendum (mais si l’abrogation de la peine de mort avait été soumise à référendum, le peuple aurait voté contre). D’une certaine manière, la représentation empêche le peuple de faire de la politique (ou l’en dispense, s’il n’en a pas envie). On peut y remédier en partie par quelques mesures, comme de faciliter l’accès aux fonctions électives. Mais dans tous les cas la représentation restera une côte mal taillée et fera toujours des mécontents, comme la politique elle-même.