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VERTU ET TOTALITARISME

Ayant lu, un peu par hasard, trois biographies successivement, de Lénine, puis Trotski, puis Robespierre, je me suis rendu compte qu’il y avait des points communs entre ces trois personnages historiques. Très jeunes, tous trois furent curieux, studieux, sérieux, développant une intelligence reconnue par leur entourage. Très vite ils prirent conscience des situations politiques de leurs pays et en particulier des injustices qui y régnaient. Tous trois manifestaient un désir d’action. Ils étaient imprégnés d’idées généreuses qu’ils souhaitaient voir mises en œuvre dans leurs sociétés. Leur honnêteté intellectuelle en faisait des individus qu’on peut qualifier de vertueux. Et cette vertu serait le guide affirmé de leurs actions. Tous trois furent entrainés dans les mouvements de leurs révolutions nationales, la russe pour Lénine et Trotski, la française pour Robespierre. Leurs capacités intellectuelles et leur détermination à mettre en œuvre leurs idées les amenèrent au sommet du pouvoir. Hélas, chacune de ces révolutions aboutit rapidement à des régimes de terreur et de totalitarisme. Mon questionnement est donc : comment peut-on passer de la pratique de la vertu à celle de dictateur sanguinaire ? Chacun de ces personnages prononça les mêmes types de phrases comme : « qui n’est pas avec moi est contre moi », ce qui implique une formidable intolérance. À partir de là on massacra, en sus de ses ennemis, des gens tout à fait innocents, juste pour terroriser et asseoir un pouvoir absolu qu’on justifiera par une nécessaire défense de la patrie et du nouveau régime politique. Finalement, on fit le contraire de ce que prônait la vertu. Que peut-on dire de la vertu. Qu’elle veut le bien, de soi-même, des autres et du monde en général. C’est une attitude réfléchie. À partir de là, je distingue deux orientations chez les philosophes. Pour Aristote, la vertu consiste à éviter les excès et les défauts, et donc à choisir le juste milieu. C’est d’une certaine manière une attitude d’équilibre et disons simplement de bon sens. Pour Emmanuel Kant, il y a un « impératif catégorique », c’est-à-dire une espèce d’universalité rationnelle de la vertu. Cette manière de voir les choses entraîne certainement une forme de raideur disciplinaire qui peut s’avérer dangereuse. Comment peut-on définir le totalitarisme. Comme son nom l’indique, c’est une politique de la totalité, qui donc exclut formellement tout individualisme. Le déviant, le dissident, l’opposant, doivent être éliminés. La surveillance des uns par les autres et la délation sont encouragées. Quels antidotes peut-on prévoir pour éviter un totalitarisme, ou tout simplement une dictature ? J’y vois trois nécessités politiques constitutionnelles inspirées par Charles de Montesquieu et Jean-Jacques Rousseau. 1) Une séparation des pouvoirs. 2) Des fonctions d’État définies et encadrées. 3) Des durées d’exercice limitées d’avance. J’ajouterais un sous-jacent non politique, à savoir la nécessité d’un minimum de prospérité économique et de répartition. Je termine en recommandant la lecture d’un roman d’Anatole France intitulé « Les dieux ont soif » qui se passe durant la période de la terreur de la Révolution Française. En voici deux citations : « …Que la guillotine sauve la patrie ! ». « Les républicains, reprit Évariste, sont humains et sensibles. Il n’y a que les despotes qui soutiennent que la peine de mort est un attribut nécessaire de l’autorité. Le peuple souverain l’abolira un jour. Robespierre l’a combattue, et avec lui tous les patriotes ; la loi qui la supprimera ne saurait être trop tôt promulguée. Mais elle ne devra être appliquée que lorsque le dernier ennemi de la République aura péri sous le glaive de la loi. ». Voilà qui est clair.

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