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cafephilotrouville

Capitalisme et démocratie sont-ils compatibles ?

Dans le débat, tout le monde s’accorde pour dire que économie capitaliste et démocratie fonctionnent d’après des règles différentes ; y a-t-il un risque de perversion de la démocratie ? Certains le pensent, d’autres non ; le capitalisme permet la démocratie selon une valeur commune aux deux, la liberté ; mais l’exigence d’égalité propre à la démocratie est contredite par le régime d’inégalité que la capitalisme entretient. Les partisans du capitalisme plaident pour l’autonomie des deux : le capitalisme a ses lois propres, la libre-concurrence ne peut être entravée, le marché se régule de lui-même ; si le politique s’en mêle par trop de règles, l’économie ne fonctionne plus ; ils ajoutent que si la démocratie est primordiale, l’économie est prioritaire, et que sans la satisfaction des besoins la démocratie ne fonctionne pas ; or de tous les systèmes de satisfaction des besoins, le système capitaliste est le plus performant, ce qui est démontré par l’histoire ; par conséquent il faut s’accommoder d’un système économique qui contredit régulièrement les règles de la démocratie ; on peut y introduire une dose de démocratie (par l’accès des salariés à l’actionnariat, par leur participation aux décisions dans le cadre des assemblées d’actionnaires, par le contrepoids des syndicats, etc..), mais on ne peut pas aller plus loin.

La réflexion porte ensuite sur le fonctionnement de la démocratie : suffit-il d’élections libres (pour autant qu’elles le soient) ? Les électeurs sont-ils correctement informés (notamment par les médias) ? La représentation parlementaire exprime-t-elle réellement la voix du peuple ? Comme on s’accorde à répondre non, ce ne peut être que parce que l’économie s’en mêle, et influence les décisions politiques. Et ainsi l’autonomie qu’on revendique pour l’économie est contredite, et il est clair que l’économie pèse de tout son poids sur le fonctionnement de la démocratie.

Une telle démocratie est formelle (pas encore réelle) ; c’est une apparence de démocratie. On en vient donc à réfléchir sur les conditions d’une démocratie réelle. Tout d’abord, il faudrait qu’elle prime sur l’économie (même avec les risques signalés), notamment en ce qui concerne la sauvegarde des biens communs essentiels : les biens naturels (l’air, l’eau, la terre, les espèces vivantes) et les biens sociaux qui garantissent l’existence collective (les services publics) ; ensuite une culture populaire vivante, capable de faire contrepoids à la culture officielle et de donner confiance aux acteurs sociaux qui veulent changer les choses en la valeur des idées qu’ils incarnent ; ensuite des médias libérés de la tutelle des milliardaires et qui soient autre chose qu’un formatage de l’opinion ; on insiste également sur le rôle de l’éducation morale, afin d’en finir avec le culte de l’argent et l’égoïsme de l’intérêt personnel ; enfin, et peut-être surtout, un fonctionnement interne des entreprises qui fasse exister la démocratie là où les gens passent le plus clair de leur temps, sur le lieu de travail, et qui respecte les salariés.

Ce ne sont là que quelques pistes pour l’existence d’une démocratie réelle, capable de peser sur l’économie dans le sens d’une émancipation effective. Encore faut-il le vouloir, et ne pas s’en tenir à l’éternelle balance « d’une part, mais d’autre part » par laquelle on s’accommode aujourd’hui de la contradiction flagrante entre capitalisme et démocratie.

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