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L’égoïsme est-il immoral ?

  • cafephilotrouville
  • 28 juil. 2018
  • 2 min de lecture

Le débat tourne autour de l’opposition égoïsme/altruisme. L’altruisme est supposé moral, l’égoïsme immoral. Est moral ce qui est approuvé par les autres, immoral ce qui est désapprouvé. En ce sens, il est clair qu’une conduite morale est une conduite altruiste.

Qu’entend-on par altruiste ? S’il ne s’agit que de penser aux autres, tout le monde est altruiste, et on ne voit pas comment y échapper. Mais s’il s’agit de penser aux autres au point de les préférer à soi-même, personne n’est altruiste (sauf exception). De même pour l’égoîsme : s’il s’agit de se préférer aux autres, tout le monde est égoïste ; mais s’il ‘agit de se préférer aux autres au point de ne jamais se soucier d’eux, personne ne l’est.

Il faut être altruiste pour être égoïste et égoïste pour être altruiste ; il faut se nourrir des autres pour développer son propre moi, et il faut posséder un moi assez fort pour donner aux autres sans s’affaiblir pour autant. En ce sens, l’opposition altruiste/égoïste est mal posée, et l’on est toujours plus ou moins les deux à la fois.

L’égoïsme, avec sa connotation négative, est une invention chrétienne reprise par la morale courante ; l’égoïste, c’est celui qui ne pense pas à moi. La société valorise les comportements altruistes, parce que c’est évidemment ceux dont elle a le plus besoin. Les individus intègrent cette injonction, qui leur vaut l’approbation de la société. Il se peut qu’ils y trouvent leur compte, sans voir que l’accent mis sur les comportements altruistes comporte le risque d’affaiblir l’individu, en le rendant excessivement sensible aux sollicitations d’autrui. Et la société ne le voit pas davantage, qui elle aussi a besoin d’individus forts.

Le rapport premier, véritablement fondateur, est le rapport à soi. C’est seulement ensuite qu’on peut se tourner vers les autres, ensuite qu’on peut donner. Descartes, dans son Traité des passions, ne s’est pas intéressé à l’altruisme, mais il a prôné comme étant la seule passion valable la générosité. La générosité donne, mais seulement ce qu’elle a de trop et dont elle ne fait pas un tel cas ; elle donne sans s’affaiblir, et sans attendre de retour (qui en général vient quand même). Ce n’est pas une passion ,c’est une vertu. Mais pour donner ainsi, il faut en avoir les moyens, être fort et assuré de soi, alors que bien souvent les gens altruistes donnent ce qu’ils n’ont pas. Elle ne refuse pas de porter secours, mais croit à la liberté. Bien comprise, et pratiquée comme une vertu (c’est-à-dire continuellement), elle dépasse l’opposition au fond stérile entre altruisme et égoïsme

 
 
 

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