Le délire, la frontière entre discours rationnel et discours délirant
- cafephilotrouville
- 11 août 2018
- 2 min de lecture
Cette frontière est mouvante et dans un contexte de déstigmatisation du vocabulaire psychiatrique , l'expression « je délire » est passée dans le langage courant , tout comme « j'hallucine, je suis parano ... ». Mais affirmer que l'on délire est en réalité un paradoxe car le dire, c'est déjà sortir du délire ! Et puis, si nous étions tous sujets au délire ? Interrogation qui a été au centre du débat qui a eu lieu après une approche psychiatrique générale du délire, des bouffées délirantes et des délires partagés.
Il a été tout d'abord rappelé qu'étymologiquement, « lira » c'est le sillon , référence agricole, et , en sortir , c'est délirer... mais cesillon , qui l'a tracé ?Sur un plan historique, la notion de délire a succédé à celle de « folie partielle, ou « monomanie » des aliénistes . Sur un plan clinique, la classification des délires repose sur leur thème principal (persécution, revendication, jalousie, mysticisme, hypocondrie, érotomanie?) et sur leur mécanisme prévalant (interprétation, hallucinations, intuition,imagination).
À propos des délires partagés, il a été rappelé la formule de Roustang «le délire est la théorie d'un seul et une théorie est le délire deplusieurs ». Il existe effectivement des « délires à deux », généralement un couple, ou des groupes délirants comme certaines sectes. Il n'en reste pas moins que selon la classification internationale des maladies psychiatriques, le délire est fait «d'idées propres à un sujet, non partagées par son groupe culturel ».
Il a ensuite été abordé les hypothèses étiologiques , écartant les causes organiques, notamment les troubles de la conscience et l'activité mentale onirique , hypothèses en faveur de personnalités paranoïaques prédisposées et, sur un plan analytique, le délire pouvant être un mécanisme de défense.
Enfin il a été question des possibilités thérapeutiques, essentiellement médicamenteuses , avec une action seulement réductrice ou suspensive, sans que l'on puisse parler de guérison.
Le débat qui a suivi a été surtout orienté vers cette frontière évoquée dans le titre de cette rencontre. Ont été abordées des situations où l'on peut se demander si délirer n'est pas une fonction naturelle du cerveau : le mysticisme avec ses différents états de conscience, l'inspiration créatrice du poète, celle du chercheur, avec même la question de la normalité de la « déraison ». Il pourrait s'agir d'une altération de la conscience, au sens du rapport à autrui,, plutôt que d'une altération de la réflexion. Et finalement, c'est une décision diagnostique de la psychiatrie, qui n'est pas une science exacte, alors qu'il y a peut-être des délires non pathologiques . Ainsi, on aurait stigmatisé la folie après l'avoir considérée comme une sorte de talent, par exemple celui du « fou du roi » !
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