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Spinoza : étude de l’Ethique, livres 1 et 2

Les deux premiers livres de l’Ethique sont les plus ardus. Néanmoins, leur étude est indispensable pour accéder à la compréhension du projet développé dans les livres suivants : fonder une éthique universellement valable, et une philosophie de la joie. Brûler les étapes, passer directement aux trois derniers livres (surtout aux livres 3 et 4, les plus connus), c’est justifier par Spinoza une philosophie du bonheur assez plan-plan, un hédonisme fondé sur un égoïsme bien tempéré, ce qui revient à comprendre ce qu’on sait déjà et qu’on met déjà en pratique.

Il n’y a à-priori aucune raison de se réjouir du monde tel qu’il va, et son spectacle serait plutôt propre à stimuler les passions tristes ; et s’il est l’oeuvre d’un Dieu, ce ne peut être qu’un dieu pervers, voire sadique. Mais l’Ethique permet de voir les choses autrement : 1) parce que le Dieu spinoziste surpasse infiniment en magnificence le Dieu des grandes religions monothéistes : il est infiniment infini, et se répand en une infinité d’attributs, lesquels comprennent chacun une infinité de modes. Un tel Dieu n’a rien d’un surhomme, il n’est ni bon ni mauvais, il ne se met pas en colère ni ne fait de reproches aux hommes, il se contente de créer, et de s’auto-créer. 2) parce qu’en dépit de sa démesure, il ne nous est pas étranger : nous sommes (en tant que modes) une partie de Dieu, et nous pouvons comprendre Dieu et ses voies à partir des seules ressources de notre propre entendement, en produisant. des idées vraies, qui sont en nous comme elles sont en Dieu ; cette capacité de comprendre Dieu est attestée par les développements du livre 1, qui anticipent sur la démarche de production des idées vraies en en exposant les résultats, pour des raisons méthodologiques (dans l’explication, il faut commencer par Dieu) ; et ce n’est pas la faute de Dieu si nous nous servons mal de notre entendement.

Les deux premiers livres font donc pièce pour la compréhension de l’ensemble de l’ouvrage ; sans eux, les idées exposées dans les livres suivant risquent de n’être que des opinions parmi d’autres.

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