« Je est un autre » est une phrase célèbre extraite d’une lettre que Rimbaud a écrite le 13 mai 1871 à Georges Izambart, son ancien professeur. Il reprend la même formule deux jours plus tard dans une l’être à son ami Paul Demeny. Rimbaud a 17 ans. Il revient de Paris où il a assisté à la fin de la Commune. La semaine sanglante s’est en effet déroulée du 23 au 28 mai 1871. Dans la l’être à son ancien professeur il lui exprime son mépris. Il le traite de bourgeois à qui il reproche de « rouler dans la bonne ornière ». L’enjeu pour Rimbaud est de poser son identité de sujet. Dans cette même l’être il dit : « j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute ». Toute la conception classique du sujet comme pôle d’identité et de maîtrise de soi est mise en cause. Cela s’oppose diamétralement à la formule de Descartes : cogito ergo sum. « Cogitans » : il assiste à l’éclosion de sa pensée. Ergo sum : son ego ne l’habite pas ; il lui est extérieur. Cela rejoint la critique que fait Nietzsche de Descartes. Il n’est d’ailleurs pas le seul à remarquer que le « ergo » est problématique dans la mesure où il y a adhérence de l’être à la pensée et non consécution logique de l’être avec la pensée. Pour introduire à la discussion j’opposerai la formule de Rimbaud à celles :
De Descartes : cogito ergo sum ;
De Freud : Là où le Ca été, le Je doit advenir, traduction proposée par Jacques Lacan de la formule allemande de Freud : Wo Es war, soll Ich werden.
De Sartre dans cette lignée généalogique qui remonte à Pascal et arrive à lui à travers Husserl et Heidegger : l’existence (sum) précède l’essence (qui suis-je, un autre). C’est la question du devenir et du « se faire soi-même » en étant « jeté » dans l’existence.
Dans cette dernière généalogie :
Heidegger : Pour cet étant, il y va son être de être.
Sartre : Tout un homme, fait de les hommes et qui vaut tous et que n’importe qui.
Levinas : J’ai à répondre de l’Autre. Autrement dit l’éthique précède l’ontologie. Devant qui je suis, je suis devant le visage de l’autre qui me rend responsable de lui.
Descartes : cogito ergo sum
Il y a une opposition frontale entre Rimbaud et Nietzsche d’une part et Descartes d’autre part. Dans la conception classique du sujet de ce dernier, il s’agit de pratiquer le doute radical pour obtenir une vérité fondamentale. Et cette vérité est celle de l’existence. Mais le verbe être possède deux significations. Il peut signifier l’existence. Mais il peut également n’être qu’une copule c’est-à-dire précéder un attribut. Il ne s’agit donc pas d’implication mais d’adhérence de l’être à la pensée. Le verbe être chez Rimbaud est une copule et non le verbe de l’existence. Mais l’attribut est paradoxal puisqu’il ne renvoie pas au sujet du verbe être, je, mais à l’autre. Cela récuse une conception du sujet comme substance autrement dit où le « je » est censé être un pôle de stabilité et où également la pensée est une deuxième substance. D’où la difficulté pour Descartes de raccorder la pensée et la matière du corps. Il définit l’ego comme une chose pensante. Ou un corps pensant.
Dans la formule latine c’est la désinence (o) qui colle à la racine du verbe (cogito) pour désigner le « je ». Il n’y a donc pas en latin de pronom personnel à la première personne sépare formellement du verbe. Le terme « ego » ne fait que redoubler la première personne désignée par la désinence. Il est à la rigueur une anaphore c’est-à-dire un redoublement du sujet. Donc pour le latin il est difficile de penser la réflexion c’est-à-dire la séparation entre la désinence et le verbe. Pour Descartes et la philosophie qui le suit la conscience de soi possède deux significations suivant que le « de » désigne le génitif objectif : le soi (ego) et l’objet de pensée du « je ». Ou bien il s’agit du génitif subjectif : le soi (ego) est le sujet du verbe penser.
La phrase de Rimbaud est paradoxale puisque le sujet est à la première personne et le verbe à la troisième personne et l’attribut est différent du sujet alors qu’en français ordinaire l’attribut est censé spécifier le sujet. Donc un autre est différent de l’ego. La phrase de Rimbaud s’oppose également à la conception hégélienne du sujet où la conscience pour soi du cogito est censée faire advenir la conscience en soi de l’être.
La phrase de Rimbaud signifie qu’il est impossible d’être présent et adhérent à sa propre pensée. C’est l’expérience du journal intime. Je ne peux écrire au présent que ce que j’ai fait ou pensé ou ce que je vais faire. Ainsi il y a une auto subversion du cogito. Pour Descartes c’est parce qu’il y a en nous de l’infini que cela prouve l’existence de Dieu puisque le fini ne saurait générer de l’infini. C’est là où on retrouve une certaine affinité de la pensée de Descartes avec celle de Rimbaud dans la mesure où l’infini en soi est la trace de l’altérité absolue de l’infini. Cela est repris par Lacan comme on le verra plus loin. C’est le problèmes de la folle du logis comme dit Descartes, de la colère qui nous met « hors de nous-mêmes ».
Quelque temps après Rimbaud Nietzsche critique Descartes. Il oppose au cogito à la première personne au singulier le pluriel des choses, à la troisième personne du pluriel, qui pensent en moi. Suivant une formule célèbre de Nietzsche il est « impossible de distinguer l’éclair de son éclat ». Cela récuse le schéma hylémorphique de la philosophie classique qui sépare l’essence (hylè) de sa forme phénoménale (morphè). Nietzsche rejoint ainsi Spinoza pour qui il y a unicité de la substance et deux attributs de la pensée et de l’étendue c’est-à-dire le corps. Le phénomène pour Descartes est celui de la pensée et l’essence est l’être. Mais s’il y a adhésion de l’un à l’autre il est impossible de les séparer. Et si comme chez Spinoza pensée et étendue ne sont que deux attributs de la substance, il n’y a pas deux substances et il est impossible de séparer dans l’attribut de la pensée la pensée du corps et la pensée de la pensée. Rimbaud s’oppose à Aristote dans la mesure où UN Autre est un singulier. Or pour Aristote il ne peut y avoir de science que de l’universel de telle sorte que le singulier ne peut qu’échapper à la raison. Pour Nietzsche le mois, ego, n’est pas une substance. Cela s’oppose à l’ego corporel. Pour Nietzsche Ego est un système de pulsions. Il annonce ainsi Freud. Il y a plusieurs consciences. Et donc il y a autant de forces plurielles. Il faut donc opposer à l’intellect isolé la multitude grouillante des pulsions, des dégoûts et des affects.
Les problématiques de la philosophie classique ont été reprises au XXe siècle à travers la philosophie du langage. L’homme est un animal social comme dit Aristote. Mais cette sociabilité est médiée par le langage. D’ailleurs Aristote donnait une autre définition de l’être humain comme possédant le langage. Cette définition est reprise et amplifiée par le structuralisme au XXe siècle. Au lieu que l’être humain soit une chose pensante comme chez Descartes, dans le structuralisme « on » me pense, le « on » étant le langage : le langage me parle, le langage me pense. La relecture de la dialectique du Maître et de l’Esclave a été proposée par Kojève dans son séminaire des années 30. Il y a une espèce de bifurcation. Du côté de la phénoménologie cela aboutit à Sartre. Et du côté du structuralisme linguistique cela aboutit à Claude Lévi-Strauss et à Lacan.
Mais déjà Nietzsche est un précurseur dans la mesure où il était philologue. Le langage charrie toute une représentation illusoire de la liberté du sujet. Il s’agisse donc de continuer Spinoza en faisant de la conscience du désir un effet de l’inscription de l’être humain dans le langage. Cela s’oppose à Sartre pour qui la liberté est première. Cette liberté implique la volonté de trouver un responsable de la responsabilité. Le prolongement de Levinas se consiste à passer de l’ontologie à l’éthique. Le sujet se constitue à partir de sa responsabilité éthique vis-à-vis d’autrui.
Freud: wo Es war, soll Ich werden. Là où le Ca était, le Je doit advenir.
Rimbaud et Nietzsche opposent donc à Descartes un « on me pense ». Je ne sais pas qui je suis. Ma pensée est impuissante. Elle n’a pas d’objet. Le verbe « penser » n’a pas de compléments d’objet direct. Le « on » est impersonnel. Il s’oppose à tout pronom personnel et en particulier au « Je ». Par ailleurs la chose pensante de Descartes s’oppose à la chose qui me pense. Le sujet est personnel. Rimbaud pose qu’il existe en Ego autre chose qu’un « Je ». Il y a donc un clivage. Et le dépassement de ce clivage n’est autre que le devenir comme dans la philosophie hégélienne.
Pour commenter la phrase de Freud et la traduction qu’en propose Jacques Lacan, il faut revenir sur un certain nombre de particularités de la langue allemande. D’abord le pronom « Es » de l’allemand est un impersonnel de la troisième personne. Le sens correspond à l’impersonnel en français par exemple « il pleut ». Ce n’est pas le « on » qui est presque synonyme d’un « nous » ou d’un « il ». Par ailleurs c’est un neutre qui transcende la différence des genres. L’allemand a d’ailleurs un neutre avec des désinences pas toujours différentes de celles du féminin et du masculin. Deuxièmement Freud utilise des majuscules pour les pronoms personnels ici le « Es », neutre de la troisième personne, et le « Ich », le pronom personnel singulier de la première personne. L’allemand utilise systématiquement des majuscules pour les substantifs. Par contre tous les autres mots verbes, adjectifs pronom etc. commencent uniquement par des minuscules. En mettant de manière grammaticalement incorrecte en allemand des majuscules aux pronoms personnels Freud les essentialise. C’est pourquoi Jacques Lacan les substantialise également en mettant des articles définis devant les pronoms personnels en français mis également en majuscules.
Par ailleurs l’opposition entre le verbe être comme copule et le verbe être en tant qu’existence ou plutôt ici en tant que « devenir » s’exprime dans l’opposition entre le passé du verbe être, « war », et le devenir du futur, « werden ». Enfin il y a l’opposition entre l’imparfait, le passé qui dure jusqu’à présent, et le futur du devenir, le présent étant comme chez Saint Augustin dans la béance entre les deux, la rétension et la protension. À la différence de Descartes l’être ne peut pas se conjuguer au présent.
Par ailleurs le devenir est comme le verbe être-copule ce que les grammairiens appellent un verbe attributif (et non un verbe d’état) comme sembler, devenir paraître. Il y a donc une dimension dynamique dans l’identité personnelle. En allemand il n’y a pas de différence formelle entre le verbe être au passé (war) à la première personne et le verbe être au passé à la troisième personne (war). Par contre au présent en français ou en allemand il y a une différence entre « je suis » et « il est » (bin et ist en allemand). L’étymologie nous renseigne sur cette différence dans la mesure où à la première personne c’est la consonne B en allemand et à la troisième personne S comme en français et dans la plupart des langues indo-européennes. La syllabe B renvoie aux liens familiaux primitifs (bébé, papa etc.). La formule de Freud contient par ailleurs un lieu (wo). Comme chez Heidegger et Nietzsche l’existence est liée à un habitat, une clairière dit Heidegger. Pour Freud ce lieu est celui de l’inconscient. C’est ce qu’il appelle le schéma topique. Et il perfectionnera ce schéma en décrivant une architecture du JE avec la métaphore de la maison : la cave du ça, le rez-de-chaussée du moi, et le toit du surmoi. Par ailleurs il utilise le verbe du devoir moral (soll) : comme chez Nietzsche la morale possède une généalogie. Par ailleurs comme en anglais et à la différence du français il y a en allemand deux verbes distincts pour exprimer le devoir moral (sollen) d’une part et la nécessité des forces de la nature à laquelle on ne peut pas échapper (müssen). C’est donc la formule de Nietzsche : « deviens ce que tu es ». C’est encore l’impératif de Schopenhauer pour lequel la volonté a pour mission de sculpter le moi. Pour en revenir à Freud le « Ich », le Moi, se dédouble en Surmoi qui écrase et censure le Moi et l’Idéal du moi qui est la projection identificatoire du Moi vers un modèle idéal. Quant au moi Esclave des passions c’est le Ca. D’où la traduction exotique de Jacques Lacan : là où le Ca était, le Je doit advenir.
Ce schéma correspond aux étapes de l’ontogenèse du petit d’homme. En effet pour le bébé dans le sein de sa maman il n’y a pas d’autre. C’est le « solipsisme fœtal ». Ensuite le fameux stade du miroir correspond à cette étape où l’ego s’oppose au je. Le bébé parle alors de lui à la troisième personne : le sujet de l’énonciation se distingue du sujet de l’énoncé. Il emprunte le langage de l’autre en l’occurrence la mère, le premier autre. Puis il y a une multiplication des autres. Jusqu’à ce qu’un autre particulier, un Autre, le père isole le Je de l’enfant et en fait l’autre des autres, c’est-à-dire le soi, c’est-à-dire un ego. À ce moment-là l’Autre avec une majuscule est l’instance du Surmoi qui est même la plupart du temps divinisée en une transcendance. Le moteur de cette ontogenèse est le désir dans la lecture que Lacan fait de Hegel à travers Kojève ou encore le conatus de Spinoza. D’où une séquence à l’intérieur du langage entre le besoin, l’expression du besoin, la demande, et le désir, puisque l’enfant est incapable de se satisfaire sans la médiation de la mère (a). Le besoin est commun à l’être humain et à l’animal. C’est le langage qui transforme le besoin en demande et donc en désir.
Pascal, Heidegger, Sartre et Levinas
L’origine de la phénoménologie moderne est la reprise par Husserl de la problématique cartésienne dans son ouvrage qui s’appelle d’ailleurs Méditations cartésiennes. C’est la reprise également de Pascal. Pour ce dernier l’homme sans dieu n’a de liberté que dans la mesure où il reçoit la grâce. C’est la problématique de Saint Augustin et celle de la prédestination des jansénistes que Pascal développe brillamment dans sa polémique contre les jésuites, Les Provinciales. Il y a donc une continuité qui va de Pascal à Jean-Paul Sartre et Levinas en passant par Husserl et Heidegger. Historiquement Sartre a étudié à Heidegger lors de son séjour à Berlin de 1931 à 1933. L’être c’est l’être-là, ou en allemand Dasein. Comme dit Sartre de manière imagée et dramatique l’être humain est jeté dans le monde. Être là c’est aussi bien être situé, être en situation. C’est pourquoi Sartre donnera le titre de Situations à un certain nombre de commentaires sur la situation qu’il vit. On retrouve cette caractéristique du lieu dans ce que Freud appelle la topique ou encore la scène primitive ou la scène du rêve c’est-à-dire une situation. Sartre exprimera la pensée de Heidegger avec la phrase fameuse : l’existence précède l’essence. Ici le verbe être est sans attribut. C’est donc l’expression de l’existence. Mais il n’y a pas d’essence substantielle puisque l’essence c’est ce qui devient dans le processus temporel de jeter dans l’existence. C’est également l’opposition entre le passé et le futur dans le devenir. C’est le mouvement qui va de l’endroit d’où on vient (le ça freudien) vers l’endroit où on va (le je freudien).
Heidegger
« Pour cet étant, il y va en son être de cet être ». Le premier terme « pour » renvoie l’opposition entre le pour soi et l’en soi. Heidegger oppose « étant » et « être ». Le premier terme renvoie au phénomène et le second à l’essence de plus en plus dissimulé par le souci des « étants » qui accapare l’attention de l’être humain. D’où le thème de l’oubli de l’être. Le phénomène fait oublier l’être. On peut rapprocher cet oubli du divertissement pascalien. L’expression « il y va de » désigne l’enjeu de l’existence et le pronom démonstratif « cet » renvoie à la singularité absolue du Dasein, c’est-à-dire de l’être humain individualisé. C’est également la reprise de la dialectique célèbre du Maître et de l’Esclave de Hegel. Il s’agit en effet pour l’Esclave de se faire reconnaître par le Maître et donc il y a quelque chose qu’on peut rapprocher du stade du miroir des psychanalystes. C’est d’ailleurs la lecture que Kojève fait de cette dialectique du Maître et de l’Esclave qui inspire le structuralisme de Lacan et son analyse du stade du miroir.
Sartre : le regard de l’autre
Sartre phénoménalise en quelque sorte le stade du miroir des psychanalystes en faisant du regard de l’autre le miroir dans lequel le « je » se constitue. C’est le miroir d’autrui. Pour résumer la pensée de Sartre il faut citer la magnifique phrase qui conclut son autobiographie Les Mots : « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». Ou en reprenant les concepts de Heidegger : « Tout un (cet étant là Jean-Paul Sartre) homme (étant en général), fait (sculpture de soi par les autres) de tous les hommes (les autres étants) et qui (sujet) les vaut (valeur) tous et que (attribut) vaut n’importe (égalité) qui ». L’égalité de l’individu et à la fois une singularité et une totalisation. Autrui est le moi qui n’est pas moi. Jean-Paul Sartre passe successivement de l’absence d’autrui (par exemple dans le sein maternel) à l’autrui, ce que moi qui n’est pas moi) aux autres (tous les autres) à un Autre (un autre transcendant, celui de la valeur). L’intersubjectivité est comprise comme un conflit. C’est la phrase célèbre de Sartre dans la question juive : le juif est celui qui est regardé comme tel par autrui.
Levinas
Levinas reprend une dialectique inaugurée par Martin Buber la dialectique du « je » et du « tu » dans le dialogue. Le sujet individuel est alors la moitié d’un dialogue qui le constitue à travers le tu. Mais le dialogue est en fait celui d’une question et d’une réponse. Qui répond de quoi à qui ? Qui, c’est le sujet. Et répondre ici a la valeur d’un performatif : répondre c’est faire, faire advenir à l’existence. La réponse de Levinas est la suivante : Je réponds d’autrui à l’Autre. Je (moi) réponds (inconditionnellement) d’autrui (de son visage) à l’Autre (la transcendance de l’impératif éthique). L’ontologie est donc subordonnée à l’éthique.
Conclusion
On mesure l’efficacité de la poésie : Le « je » est un autre. J’ai rappelé les circonstances dans lesquelles s’exprime la révolte de Rimbaud. C’est l’épisode de la Commune où se constitue le sujet politique. Mon commentaire s’est fait autour de trois phrases.
Pour Descartes cogito ergo sum. Le moi colle à la pensée. L’existence de la pensée équivaut à l’existence de moi. Nietzsche et Rimbaud s’opposent à cette conception en introduisant un clivage à l’intérieur du sujet et en remplaçant l’être statique par une dynamique du devenir.
Freud lui-même précise ce clivage comme étant celui entre l’inconscient et son lieu propre, le ça, et est le conscient superficiel appelé à s’épaissir et à devenir.
Sartre s’inspire également de Hegel et de Heidegger en faisant de l’existence ce qui précède l’essence dans un devenir. C’est une vulgarisation de la phrase sophistiqué de Heidegger : Pour cet étant il y va en son être de cet être. Et lui fait écho la dernière phrase de Sartre dans les mots : Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui.
Je conclurai en invitant chacun de nous à personnaliser et à subjectiver les trois questions :
Est-ce que nous existons vraiment ? Nous sommes incomplets. Nous sommes en devenir.
Qu’est-ce que nous voulons être ? Quelle est la vérité du désir ?
Quel est le « Tu » auquel notre « Je » doit répondre comme responsable de lui.