Aujourd’hui, c’est une constante quotidienne : on se lance du « fake news » (fausse nouvelle) à la figure sans arrêt. Les médias traditionnels mentiraient et les réseaux sociaux seraient malsains. Qu’en est-il exactement ? Devons-nous partir en permanence à la chasse au faux ? Le débat fut très animé.
Concernant les médias traditionnels, journaux, magazines, télévisions et radios il a été lu un chapitre du livre de Daniel MIZRACHI, intitulé « Les discours », (Editions Amalthée), dans lequel celui-ci avait déjà analysé de manière critique la fabrication de l’information et sa tendance à orienter les pensées des lecteurs ou auditeurs : choix des sujets et abandon d’autres informations ; poids accordés aux divers sujets traités ; liens entre supports d’informations formant une caisse de résonance inévitable. Ces manières de faire permettent de « manipuler » en inversant le fait et son interprétation, c’est-à-dire qu’on tentera de présenter les choses sous un angle voulu a priori par l’émetteur. Cette pratique s’est généralisée, surtout depuis les années quatre-vingt. Devant ce constat on en vient à paraphraser Socrate qui disait : « je sais que je ne sais rien », en affirmant aujourd’hui : « je sais que je sais faux ». Cela peut paraître pessimiste, mais mieux vaut adapter une position de doute cartésien permanent à la réception de toute information, d’où qu’elle vienne. Une vérification nécessite culture (donc mémoire), cohérence (donc logique) et bon sens (donc esprit « sain »).
Puis furent présentés brièvement ce que sont les réseaux sociaux aujourd’hui, dont le rôle, a priori très différent de celui des médias, vient néanmoins écorner le rôle de ceux-ci. Car, finalement, s’est développée une concurrence féroce entre médias traditionnels et réseaux sociaux. Cette concurrence réside d’abord dans une perte d’influence des premiers. La jeunesse se tourne de plus en plus vers les réseaux sociaux : plus rapides, plus vivants, plus interactifs, et généralement gratuits. Cette perte d’influence des traditionnels se traduit par une chute de leurs recettes : moins de ventes et moins de publicités. Or l’aspect économique est vital pour les médias. Ils défendent donc leurs papiers et leurs ondes, voire même leur peau. Les journalistes revendiquent leur professionnalisme et stigmatisent les fauteurs de troubles.
Un argument avancé, outre le fait que « n’importe quoi » peut être dit sans contrôle sur les réseaux, selon eux, est la présence de sites extrêmement dangereux : militantisme violent, appels au terrorisme, criminalité, pornographie, et bien d’autres choses répréhensibles. C’est cependant faire fi des contrôles permanents exercés tant par les pouvoirs publics que par les diffuseurs eux-mêmes, et j’irais même jusqu’à dire par les utilisateurs des réseaux. Un site inadéquat sera très vite repéré et techniquement éliminé en attendant d’éventuelles poursuites judiciaires. De surcroît, de nombreux groupes disposent d’administrateurs qui autorisent, ou pas, la publication d’articles.
Deux pleines pages de publicité parues dans la presse de la veille du débat furent présentées. La première, défendant la presse, dit : « trop de faux tue l’info » et faisait valoir que dans un journal « les informations sont vérifiées, les contenus certifiés par la rédaction. ». L’autre page de publicité, défendant un réseau social, disait : « Nous agissons pour sécuriser notre réseau…grâce à l’intelligence artificielle qui supprime 99,6% des faux comptes avant qu’ils ne soient portés à notre connaissance…Nous avons effectué plusieurs mises à jour pour renforcer la transparence des publicités politiques. ».
De surcroît, il existe des autorités officielles : le CSA, l’Arcep, la CNIL, le ministère de l’Intérieur…
Il est des cas où les réseaux sociaux, purement virtuels, peuvent déboucher sur des actions dans le réel : on connaît le mouvement cinq étoiles en Italie, les gilets jaunes en France, les « happenings » et autres manifestations organisées grâce à ces réseaux.
Quelques chiffres ont été indiqués montrant l’importance du nombre de participants à des groupes sur les réseaux. En réalité le nombre de membres potentiellement atteignables aujourd’hui dépasse les deux milliards d’individus. Les espaces de communications sont infinis. Cela nécessite donc une surveillance très approfondie.
Puis vint le débat. Plusieurs participants considérèrent que la présentation était trop négative vis-à-vis des journalistes. On rappela l’importance de la presse durant la Révolution, la nécessité vitale de cette presse en démocratie. On valorisa également le journalisme dit d’investigation qui a permis de révéler des affaires importantes, parfois fondamentales, qui sans cela seraient ignorées.
Il fut rétorqué qu’il n’est nullement question de remettre en cause l’existence et le rôle de la presse et des journalistes, mais qu’il serait bon que ceux-ci respectent davantage l’intelligence et la liberté de pensée des lecteurs ou auditeurs. C’est possible de le faire et d’éviter les trop fréquentes dérives actuelles. Quant aux réseaux sociaux, après sondage, personne n’a jamais changé son vote après avoir reçu un message sur un quelconque réseau.