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La paresse est-elle un droit ?

Dernière mise à jour : 10 août 2023


Sujet présenté par Anne-Marie Michaux le 05 Août 2023


La paresse est-elle un droit ?


Cette séance s’inscrit dans le cycle de 2 séances consacrées au rapport au travail et aux loisirs, en pleine mutation.

La semaine dernière: le travail : plaisir ou souffranc thème traité par Béatrice, à partir de son expérience personnelle.

Aujourd’hui, nous poursuivons avec une réflexion sur la paresse, sujet qui en dépit des apparences, trouve toute sa place au Café-Philo qui se veut désormais être l’Atelier des idées, et s’attache à aborder les sujets de manière transversale, Cette notion de paresse questionne notre époque.

Elle s’est invitée dans l’actualité récemment à l’occasion du débat démocratique sur l’âge de départ à la retraite.


Merci de votre présence en ce début du mois d’août, temps des vacances, ou repos et activités de loisirs sont au programme. C’est d’autant plus méritoire que vous soyez là ; merci de votre intérêt pour cette séance.

Si je m’appliquais ce droit à la paresse, je vous dirais que je vais me contenter d’introduire la question et que c’est à vous maintenant de travailler :)

Mais bon, ce serait trop facile, j’ai fait librement l’effort de travailler ce sujet qui est en fait plus sérieux qu’il n’y parait ; c’est un thème relevant à la fois de la philosophie et de la citoyenneté, pouvant faire appel à une approche sociologique, historique, économique, éthique etc... mais tout aborder, ce serait trop long...


Introduction


Pourquoi ce thème de la paresse questionne-t-il notre époque ?


Est-il besoin de rappeler que c’est Sandrine Rousseau souvent apte à la provocation, qui a remis cette notion au cœur du débat politique; sa déclaration a été largement reprise dans les médias:

Pour être précis, voilà ce qu’elle a dit à l’AN (février 2023) faisant référence à Paul Lafargue, auteur du Droit à la paresse, paru en 1880 (nous y reviendrons) sur lequel elle a donné un coup de projecteur.


“Oui, au droit à la paresse !

Nous avons un corps, un seul, nous avons une vie, une seule, nous avons une planète ,une seule…On a un droit à la paresse, à la transition de nos métiers, on a le droit aussi de faire des pauses dans sa vie et surtout, il faut retrouver du temps, le sens du partage et la semaine de 4 jours”


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S’en suit un appel à la diminution du temps de travail, au partage des richesses et à prendre soin de notre environnement ;


1 D’abord, ce thème de la paresse cristallise les tensions autour de la place du travail dans nos vies :


Nous avons en effet une relation de plus en plus brouillée au travail comme on a pu le constater à différentes occasions:


- Positions divergentes sur la durée du travail

On entend dire parfois que les français travailleraient moins que leurs voisins : est ce dire que nous serions plus paresseux ? Est ce qu’ on ne travaille pas assez ?


- Débat agité sur l’âge de départ à la retraite


-Le regard nouveau porté par les jeunes générations sur le travail, on a parlé aussi de “ la grande démission” aux Etats unis, et dans une moindre mesure en Europe… qui pour certains correspond à une épidémie de flemme...


- Le débat réouvert récemment aussi par le Président de la République sur la durée des vacances scolaires !


D’abord, les définitions des termes du sujet:


La Paresse :


Goût pour l’oisiveté ; comportement d’une personne qui évite l’effort

propension à ne rien faire ; répugnance au travail

D’un point de vue anthropologique, minimiser l’effort pour obtenir un résultat, n’est ce pas intrinsèquement le propre de l’homme ?


Notions proches:

Fainéantise ; fainéant (cf les rois)

Flemme ; flémard

On parle aussi d’indolence, de mollesse, d’aplatie, de lenteur…il y a des degrés…

50 nuances de paresse !

Mais le point commun, des définitions plutôt négatives ! On part de loin !


Comment peut-on dire alors que la paresse est un droit ?


Un droit : ( le contraire d’un devoir ?)

En philosophie, c’est la capacité d’un sujet à agir, de disposer ou d’exiger légitiment quelque chose.

Est-ce qu’on peut légitimement exiger d’être paresseux?

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2- D’un point de vue historique, la paresse a été considérée pendant des siècles plutôt comme un vice, un comportement nuisible ...et non un droit


L’approche historique (à grands traits) permet de mesurer l’évolution et les fluctuations d’appréciation de la notion de paresse.


A 1 ère vue, une longue histoire a élevé l’oisiveté au rang de vice odieux.


“La paresse est la mère de tous les vices”: proverbe populaire couramment repris


Dans la religion catholique, la paresse est un des 7 péchés capitaux ( les autres ?)

L’éthique protestante du travail condamne aussi la paresse (notamment celle des moines )


En remontant plus avant dans le temps :


Chez les grecs, la paresse est un vice moral : paresse intellectuelle ; il faut faire l’effort de penser (comme ici au Café-philo :))


Mais les grecs n’avaient aussi que mépris pour le travail : réservé aux esclaves

L’homme libre ne connaissait que les exercices corporels et les jeux de l’intelligence.

“Le travail, cette dégradation de l’homme libre”.


Chez les romains:


Sénèque : éloge de l’oisiveté


Pour les romains, l’oisiveté n’était pas un vilain défaut.

Ils distinguent l’otium et le negotium

L’otium , CAD toute activité, toute dépense de temps qui ne sont pas consacrées au negotium. C’est le temps où on n’a rien à faire….C’est le contrepoint nécessaire au negotium, à l’activité, celles des affaires courantes et extraordinaires qui dillapident le temps et exacerbent les passions.

Pour autant, pas question de ne rien faire !

Pour le sage romain, être oisif, c’est choisir la retraite, l’exil intérieur et le repli sur l’activité méditative.


C’est préférer l’étude de la nature et la contemplation pour trouver le bonheur .


Plus près de nous:


Montaigne


L’auteur des Essais nous dit “ nous sommes nés pour agir”

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Pourtant, c’est bien lui qui a donné au mot retraite, son sens actuel (avant, quitter un lieu)

En 1570, celui qui était parlementaire à Bordeaux, laisse tomber sa charge et se retire dans son petit château: Il n’a que 38 ans !

On peut dire que c’est le 1er retraité conscient et volontaire de l’histoire.

Déjà, il considérait que la vie est composée de 2 parties aussi indispensables l’une de l’autre:

-L’implication dans les affaires du monde

-L’attention à soi et à ses proches (qui passe par le repos)


L’ époque de la monarchie en France

Pour l’aristocratie, ne pas travailler était la norme, un privilège / aux serfs...


Puis les Lumières et la Révolution française marquent un tournant radical au 18 éme siècle

On voit l’émergence du principe révolutionnaire d’un droit au travail, voir d’ une religion du travail.


Néanmoins, parmi les philosophes des Lumières, J J Rousseau fait exception : il tient la paresse pour naturelle chez l’homme à l’état sauvage.

Le chasseur cueilleur ne s’agite que pour se nourrir, se protéger du froid et des danger extérieurs….

C’est Rousseau qui nous dit: “C’est pour parvenir au repos que chacun travaille; c’est encore la paresse qui nous rend laborieux”.


Au 19 éme siècle, la paresse va devenir un sujet politique pour condamner la société industrielle qui aliène le travailleur”.


C’est ainsi qu’en 1880 Paul Lafargue écrit ce fameux pamphlet, le droit à la paresse.

c’est un petit ouvrage de 60 pages, qui malgré sa minceur a eu un retentissement important déjà à son époque et sert encore de référence sur ce sujet.

On va s’arrêter à ce que dit exactement Paul Lafargue qui élève la paresse au rang de valeur positive.


Les principaux points de sa pensée:

Il souligne la nécessité de s’affranchir de la valeur travail:


il fustige la passion furibonde du travail poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture, organisée par le capitalisme.


“12 heures de travail par jour, voilà l’idéal des philanthropes et des moralistes du 18éme siècle ! Rappelle t il.


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“Notre époque est dit-on le siècle du travail ; il est en effet celui de la douleur, de la misère et de la corruption”.


Même le prolétariat s’est laissé pervertir par le dogme du travail.

Il souligne la responsabilité des prolétaires !


“travaillez, travaillez prolétaires, pour agrandir la fortune sociale et vos misères individuelles, travaillez, travaillez pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d’être misérables. Telle est la loi inexorable de la production capitaliste”.


Sur le prolétariat: sa phrase clé

“Pour qu’il parvienne à la conscience de sa force, il faut que le prolétariat… retourne à ses instincts naturels, qu’il proclame les droits à la paresse, mille et mille fois plus nobles et plus sacrés que les physiques droits de l’homme concoctés par les avocats de la révolution bourgeoise; qu’ il se contraigne à ne travailler que 3 heures par jour, à fainéanter et bombancer le reste de la journée et de la nuit”.


La retraite est nécessaire pour les classes ouvrières parce qu’elle permet de contraindre les bourgeois à arrêter de surconsommer.


Qui était Paul Lafargue ?

Le gendre de Marx.

Né en 1842 à Cuba, il revient en France et suit des études de médecine à Paris. Il se passionne pour la vie politique, lit les philosophes de l’époque, est contraint de s’exiler à Londres après avoir été exclu de toutes les universités de France. C’est là qu’il fait la connaissance de Marx, une rencontre capitale pour lui et malgré les réticences de Marx, il épouse sa fille Laura en 1868. Il commence à exercer la médecine;

Il fait la connaissance d’Auguste Blanqui, 2 ème rencontre importante.

Il s’installe à Bordeaux et sous la commune, se réfugie en Espagne et mène un combat contre Bakounine.


Le 3 décembre 1910 il reçoit la visite de Lénine et l’année suivante, Paul et Laura Lafargue se donneront la mort le 27 novembre 1911.

Lénine dira à ses funérailles que Lafargue était “l’un des propagateurs les plus doués et les plus profonds du marxisme”.


Le Droit à la paresse fut publié une 1ère fois en feuilleton dans l’Egalité en 1881

puis connaîtra de nouvelles éditons en brochures.

Son retentissement dépassa les frontières de la France, en particulier en Russie (17 éditions entre 1905 et 1907).


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En Angleterre, Keynes se souviendra des passages concernant la surproduction dans son analyse de la crise de 1929.


En fait par ce titre provocateur, Paul Lafargue conteste avant tout l’idéologie du travail dans la société capitaliste de son époque.

Nous sommes à la fin du 19 éme siècle

Travail dans des conditions parfois inhumaines ; travail des enfants etc …

Néanmoins, des passages montrent aussi qu’il était visionnaire et avait bien compris les ressorts du consumérisme.


Au 20 éme siècle

Après les 2 guerres mondiales, avec la période des 30 glorieuses et l’ expansion de la société de consommation, la paresse et l’oisiveté sont “oubliées” au profit du culte du travail: reconstruire la France, nourrir la population, produire des biens et services nécessaires …pas question de se tourner les pouces !


Néanmoins, ce fut la période, après les 1ers congés payés de 1936, d’une série lois sur la réduction du temps de travail jusqu’aux 35 heures et l’allongement progressif de la durée des congés (5 semaines).


Mais la notion de paresse ne réapparait pas vraiment dans le langage courant. Elle s’estompe au profit de la notion de loisirs:

D’abord, le temps des loisirs utile pour reconstituer les forces nécessaires aux travailleurs, puis à donner le goût des vacances, devenues progressivement sacrées ! Et qui sont aussi une belle occasion d’encourager à consommer !


Puis chômage endémique des années 90 et 2000


Un paradoxe à souligner: de plus en plus de personnes qui ne travaillent pas (chômage),mais ne peuvent pas être oisifs pour autant:

Injonction sociale à chercher du travail ! Dénonciation par certains de l’assistanat...

Cf : La famille Groseille dans “la vie est un long fleuve tranquille “ ( 90 )


Progressivement, la “valeur travail” s’ installe et est de plus en plus exacerbée:


L’activité est socialement valorisée et l’oisiveté déconsidérée.


D’ailleurs, même en vacances, il faut être actifs : bouger, faire du sport, s’agiter, visiter tout ce qu’il y a à voir, on remplit son agenda... le temps libre doit être optimisé!

Dès le plus jeune âge à l’école, on stimule le gout de l’effort et de la compétition ; pas beaucoup de place à la rêverie... Ensuite étant adulte, on met en lumière, on récompense celles et ceux pour “le travail bien fait” : chez les artisans/commerçants : Titre de Meilleur ouvrier de France.

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Le point culminant est atteint en 2007 durant la campagne de N. Sarkozy: le fameux “travailler plus pour gagner plus!”

On stigmatise la paresse et les paresseux…


et puis récemment “Tu n’as qu’ à traverser la rue…”(E. Macron)


Parallèlement, sont apparues de nouvelles formes de management, un management dur, provoquant pour certains une souffrance au travail (cf Béatrice), une perte de sens et d’intérêt chez certains salariés, en particulier les plus jeunes ….bousculés aussi par les nouvelles technologies et demain par l’IA qui commence déjà à provoquer la disparition de certains métiers.


En résumé, le travail n’est plus ce qu’il était…il connait des bouleversent sans précédent, il déçoit, on ne sait plus très bien ce qu’il sera demain …

Et c’est dans ce contexte que la paresse est revenue s’inviter dans le débat !

A point nommé ou pas ?


II - Peut-on ébranler la valeur travail ? S’adonner à une certaine paresse sans culpabiliser ?


D’un côté, la valeur travail est questionnée, la crise du COVID et le télétravail ayant contribué à accélérer un nouveau regard sur le temps de travail et sa place dans nos vies…

D’un autre côté, la paresse est-elle par essence moralement condamnable?


1 -La paresse est d’abord appelée comme subversion politique


Pour contrer l’idée du travail comme une valeur, l’éloge de la paresse et de l’oisiveté apparait comme une attitude réellement subversive.

On l’a vu avec Paul Lafargue.


Mais le point de vue consistant à faire l’éloge de la paresse a trouvé un écho chez bien d’ autres auteurs :


Herman Melville :Bartelby 1853


“I would prefer not to”

Clerc de notaire atteint d’une forme de paresse effrayante tant elle confine à l’apathie complète. Il décline tous les taux qui lui sont proposés. On peut dire que cela fait écho aujourd’hui à ce qu’on appelle la résistance passive ou la démission silencieuse, qui serait en fait le contraire de la servitude volontaire (théorisée par La Boétie).



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Russell (contemporain; décédé en 1970): Philosophe anglais


Eloge de l’oisiveté (1932): travailler 4 heures seulement. apprendre l’oisiveté créatrice

Pour lui, pas besoin de renverser le capitalisme: les progrès techniques permettent de développer et démocratiser l’accès aux loisirs.

Education aux loisirs intelligents !


Et puis bien sûr, le mouvement hippy des années 60 70 et les soixante-huitards refusant de mettre leur force de travail au service du développement de la société de consommation.


Un film de référence de cette période:

Yves Robert en 1968 ose une comédie assez subversive, Alexandre le Bienheureux . Un homme ( Ph Noiret),paysan de la Beauce qui décide après le décès de sa femme de ne plus rien faire et de rester couché…

Ce film a fait date car certains y ont vu une anticipation de la révolte de 68. et qui fait écho au droit à la paresse de Lafargue.


Après le flower power, retour en force à l’idéologie du travail dans les années 80 /90; avec les années Bling-Bling… travailler dur pour se payer sa rolex …!


Ce n’est que récemment avec le développement du télétravail, le regard nouveau porté par les jeunes sur le monde du travail et la crise écologique que la valeur travail est de nouveau ébranlée.

Ne rien faire a pris une résonance particulière depuis la pandémie.

Ainsi pour certains, si chacun arrêtait d’occuper son emploi, ou du moins d’en faire le centre de son activité, les conséquences sociales, économiques et culturelles seraient considérables.

Les tenants de l’écologie radicale telle que Camille Etienne, jeune activiste (25 ans), estiment que c’est une voie à envisager. (Pour un soulèvement écologique)


2 -Ne rien faire... pourquoi ? comment ?


“Ah qu’ il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de nous !” Michel Carré ; émision de France Inter.

Qui n’a pas eu envie une fois ou plus dans sa vie de ne rien faire, de se tourner les pouces ? de glander?

D’adopter la philosophie du transat ? C’est humain ... Ca peut fait du bien!


Mais certains vont en éprouver de la culpabilité (j’aurai dû faire ci ou ca …)

Faut que je m’y mette … faut que j’y retourne...

Notion qui s’est imposée dans le langage : on procrastine … je le ferai demain...

(consiste à remettre à demain ce qu' on a pas envie de faire aujourd'hui).

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Il y a des degrés dans la paresse:

Ne rien faire : à partir de quand et à quel stade, on considère que c’est de la paresse?


Tentative de typologie :


La paresse en tant que pathologie:

Manque d’envie de vivre, ennui… apathie


La paresse “occasionnelle”:

-l’écolier qui n’a pas envie de faire ses devoirs.

-l’employé qui procrastine ...

La paresse intermittente, épisodique, en conscience...


La paresse existentielle: (la plus intéressante)


Un pays qui a compris qu’il fallait faire une belle place à l’oisiveté : c’est l’Italie qui l’a élevée au rang d’art de vivre : le farniente (littéralement ne rien faire …) la dolce vita

Peut être que ca vient des romains, qui sait? de Sénéque? il y a tant de beautés à contempler en Italie !

(cf film les Vitelloni années 60)


Le paresseux en tant qu’art de vivre : le clochard, le vagabond...le hippie


Les bienfaits de la paresse:

D’abord, elle favorise une attitude contemplative:

En effet, être actif tout le temps, partout est devenu une injonction ... Même en vacances !

L’homme du divertissement pascalien a horreur du vide, de ne rien faire.

Remplir sa journée de visites multiples ...au lieu de se poser et de contempler simplement la beauté de la nature !

Multiplier les activités, pour ne pas penser? S’étourdir ? Oublier que nous sommes mortels?


Pourtant, laisser une place à la contemplation est nécessaire car c’est une dimension constitutive de l’être humain

Le repos réparateur est propice à la réflexion et à l’introspection (ST Thomas d’Aquin) Repli constructif en soi-même.


L’oisiveté permet de rêver, stimule l’imagination , favorise la créativité.

Elle crée aussi les conditions pour penser !

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Conclusion

Après “travailler plus pour gagner plus”, on est en droit de penser qu’il est possible de choisir de travailler moins pour vivre mieux et se l’appliquer à soi-même.


On a le choix: s’accomplir dans le travail ou bifurquer .Mais en étant conscient des conséquences.


Paresse et sobriété

Cela doit conduire pour être cohérent, à choisir la sobriété ; travailler à minima pour vivre sobrement, selon ses besoins …sans excès ni luxe inutile.


Sans aller jusqu’à faire de la paresse une vertu (et non un vice) ne rien faire, c’est économiser de l’énergie, et cela ferait moins de mal à la planète qu’en étant un apôtre du productivisme !


En définitive, on voit qu’il y a 2 écoles philosophiques sur ce sujet :

-Réalisation de soi par l’activité :


le travail nous accomplit et nous humanise:

Marx, Hegel, les Lumières...


-La déconstruction de la valeur travail,

Rousseau, Lafargue, Russell et d’autres

La valeur travail est un passion morbide.

Pour André Gorz, la vraie vie est ailleurs



Alors demain, vive la paresse ?


Est -ce que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ? Pas certain.


Rester au lit, rêver peut être source de bien-être et de joie de vivre !

On peut aussi estimer que contempler la nature, se promener, se réjouir de la beauté du monde, c’est ça la vraie vie !


Pour Roland Barthes, il y aurait une paresse honteuse, source de culpabilité mais aussi une paresse philosophique, source de félicité et d’émancipation.


Pour lui la forme de la paresse moderne, c’est finalement la liberté.


En effet, la plus grande liberté, n’est-ce pas de choisir ce que l’on fait de son temps, donc de sa vie ?

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Alors optons pour la paresse philosophique !



Avec les technologies, la faculté s’accroit d’imaginer des partages nouveaux entre travail et repos, avec une certaine souplesse tout au long de la vie.

Repenser le déroulé de la vie professionnelle...avec des années sabbatiques, davantage de temps de pause...


La paresse peut donc être considérée comme une option quand on estime qu’on mérite de choisir ce qu’on va faire de sa vie ou du reste de sa vie.


II est légitime pour chacun de pouvoir définir une stratégie personnelle d’autonomie existentielle.

Et il est sain de continuer à rechercher sur le plan sociétal et sur le plan individuel, en toute conscience et librement, un équilibre harmonieux entre le temps travaillé et le temps pour soi,

Ce sont les conditions pour être attentifs au monde, aux autres, ouvert à l’imprévu : autrement dit, un paresseux philosophique, comme nous le recommande Roland Barthes !



Merci de votre attention


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